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27 destins en vis-à-vis

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Au départ, il y a près de quarante ans, l’Association de gestion de logements accompagnés Nelson-Mandela du Mans – ex-Foyer du bâtiment – hébergeait des travailleurs migrants. Au fil du temps, ses trois établissements se sont transformés en résidences sociales destinées aux « oubliés du RSA ». Parmi eux, Daniel, 47 ans. Enfant battu, placé en institut médico-éducatif à l’âge de 12 ans, il est devenu menuisier en atelier protégé. Après un bref mariage, il sombre dans la déprime, l’alcool, la maladie. Dans sa chambre de la résidence, il garde précieusement les poupées que collectionnait sa mère. Dans le livre Mémoire d’oubliés, Daniel pose dans sa chambre, au milieu de ses miniatures de porcelaine. Dans sa main, une poire à air pour déclencher la photo à distance. C’est le projet du photographe Georges Pacheco : après avoir recueilli les histoires de vie des résidents, ce diplômé en psychologie de l’art leur a proposé de réaliser leur autoportrait dans un lieu qu’ils aiment. Publié sur chaque page de gauche de l’ouvrage, elle fait écho à la photo – symbolique, poétique, pas trop tragique – de la page de droite, réalisée, elle, par le professionnel sur la base du récit de vie qu’il a entendu. « Je leur ai demandé quel était la personne, l’événement ou le moment le plus déterminant dans leur histoire personnelle », explique-t-il. Pour Daniel, c’est évidemment un plan serré sur les poupées de collection. Pour Philippe, 60 ans, ce sont des épaves de voitures, représentant l’accident mortel de sa compagne. Depuis lors, Philippe est seul. Il a bien son frère, schizophrène, qui vit au Mans, mais cela ne l’aide pas à retrouver le moral. Sur son autoportrait – un gros plan de son visage –, son regard est désabusé. Un projecteur représente Marie-France, ancienne réalisatrice, passée par la Femis à la même époque qu’Eric Rochant et Arnaud Desplechin. Malheureuse en couple, elle se met à boire. A l’issue d’un divorce compliqué, elle perd la garde de ses filles, prend 60 kilos et échoue, en 2007, à la maison-relais Nelson-Mandela. Ils sont 27 à se dévoiler ainsi : 27 destins, 27 regards. Il a fallu un an à Georges Pacheco pour venir à bout de ce projet ambitieux. Un an pour montrer que, « malgré leurs vies fracassées, ces résidents sont vivants, debout » (1).

Mémoire d’oubliés

Georges Pacheco – Association Nelson-Mandela – 15 € – Disponible au 02 43 86 30 58 – rsmandela.contact@orange.fr

Notes

(1) Il y a cinq ans, l’association a publié un autre recueil, Là-bas ma tête, ici mon corps, uniquement composé de textes de travailleurs migrants.

Culture

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