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Hors la rue témoigne de l’augmentation du nombre de mineurs étrangers en danger

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A l’aune de son rapport d’activité 2012, qui témoigne d’une « intensité inédite » de ses actions, l’association Hors la rue alerte sur « la dégradation des conditions de vie des mineurs étrangers en danger » présents en Ile-de-France et qu’elle accompagne via ses maraudes (1) et son centre d’accueil de jour, créé en 2009.

Les besoins s’accroissent : ses équipes ont enregistré 258 nouveaux contacts de jeunes en 2012 et ont pu en accompagner 134. Ce qui porte le nombre total de mineurs suivis à 206, contre 195 en 2011. Parallèlement, la fréquentation du centre d’accueil de jour – 16 jeunes en moyenne s’y sont quotidiennement rendus – a quasiment doublé. Ceux suivis, en majorité des garçons, ont généralement entre 14 et 15 ans. Si une grande majorité (82 %) est d’origine roumaine, la plupart vivent, contrairement à ce qui prévalait au début des années 2000, avec des membres de leur famille, proches ou éloignés, après avoir immigré pour des raisons économiques. Au-delà de caractéristiques communes – dont des conditions d’habitat extrêmement précaires –, leurs situations familiales et individuelles sont diverses. Certains ont été scolarisés en Roumanie et contribuent à la survie familiale, d’autres, qui ont traversé plusieurs pays européens, parfois seuls, sont sujets à l’errance et sont peu demandeurs d’aide, d’autres encore sont nés en France sans être jamais allés à l’école. Les facteurs de vulnérabilité – absence d’accès à l’éducation, aux soins, activités délinquantes, prostitution… – sont également nombreux. « Face à ces situations, nous sommes le plus souvent démunis alors même que nous considérons que l’accès au droit commun pour l’ensemble des ressortissants roumains et bulgares constituerait le meilleur rempart contre ces situations de danger », souligne Hors la rue. Or les avancées promises par le gouvernement, notamment par la circulaire interministérielle du 26 août dernier sur l’accompagnement des évacuations de campements illicites, tardent à se concrétiser.

L’association attire particulièrement l’attention sur la situation des jeunes exploités ou victimes de la traite des êtres humains. « En l’absence de dispositif adapté de protection de ces mineurs victimes d’exploitation, les tentatives de prise en charge se soldent souvent par un échec du fait d’un manque de réactivité et de coordination entre les insti?tutions », regrette-t-elle. Alors qu’un projet de circulaire vise à répartir la prise en charge des mineurs isolés sur l’ensemble du territoire (2), elle s’inquiète du respect de leurs droits. La grande majorité des mineurs isolés étrangers extra-européens qu’elle accueille se voit, selon elle, refuser l’accès aux dispositifs de mise à l’abri instaurés par les départements « suite à une évaluation concluant à leur possible majorité ou à leur défaut d’isolement ». D’où la nécessité de les accompagner pour saisir directement le juge des enfants. En 2012, « ces démarches se sont quasiment toutes soldées par une décision de protection et la très grande majorité de ces jeunes, après un refus initial et des mois d’attente, ont pu être confiés à l’aide sociale à l’enfance » (qui a admis au total 30 jeunes accompagnés par l’association).

Hors la rue pointe également les défaillances du système de protection quand la prise en charge, notamment pour les plus de 16 ans, se réduit à un hébergement hôtelier. « Certains y demeurent jusqu’à leur majorité sans bénéficier d’un accompagnement éducatif individualisé régulier, si bien que rien ne peut être mis en place pour faciliter leur insertion sociale. »

Entre volontarisme et aveu d’im?puissance, l’association lance un cri d’alarme. « Obligation juridique, mais également impératif moral, la protection des mineurs étrangers doit faire l’objet en France d’une mobilisation d’ampleur des acteurs concernés, sous peine de renier nos valeurs les plus fondamentales. »

Notes

(1) En 2003, le « dispositif Versini », du nom de la secrétaire d’Etat à la lutte contre la précarité et l’exclusion de l’époque, a été créé pour repérer et mettre à l’abri les mineurs isolés étrangers, afin de permettre leur accès à la protection.

(2) Voir ASH n° 2799 du 1-03-13, p. 20

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