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Manuel Valls relance la polémique sur la politique sécuritaire à l’égard des Roms

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Un « concentré de mensonges et de messages jetant l’opprobre sur les Roms », des propos de « mauvais augure », signaux d’un « durcissement de la politique à laquelle nous assistons depuis 2003 ». Les associations La voix des Rroms et Rromeurope condamnent vivement les propos de Manuel Valls dans une interview au Parisien du 14 mars. Le ministre de l’Intérieur, selon qui existent en France « 400 campements illicites, dont les deux tiers en Ile-de-France », y affirme que, « plus que jamais, les démantèlements sont nécessaires et se poursuivront ». Une fermeté également affichée le même jour dans un entretien au Figaro, qui inquiète d’autant plus les associations que la circulaire interministérielle du 26 août dernier « relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites » reste inégalement appliquée sur le territoire. Beaucoup d’expulsions de bidonvilles ont encore lieu sans solution d’hébergement pour leurs occupants. La circulaire préconise pourtant « un certain nombre d’actions à mener qui coûteraient bien moins cher que les expulsions et aboutiraient à de vraies solutions tant pour les habitants de ces bidonvilles que pour la société française en général », plaident La voix des Rroms et Rromeurope.

Au-delà de sa fermeté, qu’il justifie par des objectifs de sécurité publique et de lutte contre la délinquance, le ministre de l’Intérieur tranche le sujet sur le plan politique. « Des familles sont désireuses de s’intégrer, mais elles sont une minorité », estime-t-il. Ce que contredisent les associations qui mènent des projets d’insertion auprès de ces populations. « Les Roms ont vocation à rester en Roumanie, ou à y retourner », ajoute-t-il encore. En réaction à ces propos, la Voix des Rroms envisage de saisir la Commission européenne, qui avait mis par deux fois la France sous surveillance sur les conditions de traitement des Roms, en 2010 et en 2012. Elle prévoit d’engager des poursuites judiciaires à l’encontre du ministre pour provocation à la discrimination.

Dans une lettre ouverte adressée le 18 mars à Jean-Marc Ayrault, le collectif Romeurope, la FNARS, la Fondation Abbé-Pierre, Emmaüs France, ATD quart monde et l’Association des cités du Secours catholique fustigent également une orientation purement répressive « contraire aux engagements de campagne du président de la République » ainsi qu’à la mission confiée à Alain Régnier, délégué interministériel à l’hébergement et à l’accès au logement, visant à rechercher des solutions dignes pour ces populations, dans une perspective d’insertion. « Comment peut-on affirmer que ces personnes refusent de s’insérer en France, alors que l’accès à l’emploi et au logement social leur est actuellement interdit et que certains maires vont jusqu’à s’opposer à la scolarisation des enfants ? », s’insurgent-elles. Dans un autre courrier adressé au Premier ministre le 14 mars avec six organisations (1), le collectif Romeurope lui avait précédemment demandé de reprendre la main sur la politique à l’égard des Roms. Les signataires ont également sollicité un entretien sur l’application de la circulaire du 26 août 2012. « Où est Matignon ? », s’interroge également France terre d’asile, préoccupée par le maintien de l’interministérialité promise il y a six mois par le gouvernement sur le dossier.

Notes

(1) ATD quart monde, le Comité catholique contre la faim et pour le développement-Terre solidaire, la Cimade, Emmaüs France, Médecins du monde et le Secours catholique.

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