Doublement. D’abord parce que le ministre du Travail a quitté la réunion au bout d’une heure, après avoir rappelé la politique gouvernementale, sans que nous ayons eu le temps d’échanger. Nous avons perçu cette attitude comme une forme de mépris de la part de Michel Sapin, qui n’avait proposé cette séance qu’un mois après l’immolation par le feu de Djamal Chaar, et notre mobilisation. Sur le fond, aucune des mesures d’urgence que nous réclamons n’a reçu un début de réponse. J’ai le sentiment que le gouvernement a pris la mesure de la gravité de la situation, mais qu’il se refuse à agir. Tout à sa préoccupation prioritaire de résorption de la dette.
Le MNCP, AC! et l’APEIS ont porté des revendications communes. Dont une série de mesures d’urgence, parmi lesquelles un moratoire sur les « indus », la mise en oeuvre immédiate des recommandations du médiateur de Pôle emploi visant à mettre fin aux radiations systématiques pour absence aux convocations (2) et l’augmentation substantielle des minima sociaux. Nous aurions aimé que le ministre constate qu’au vu de la dégradation de la situation sociale, l’augmentation de 10 % du RSA (revenu de solidarité active) en cinq ans prévue par le plan quinquennal de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale est déjà obsolète?! De même, la convention tripartite Etat-Unédic-Pôle emploi doit être revue, notamment pour redéfinir les moyens de Pôle emploi. Nous demandons également le rétablissement du fonds social, supprimé en 1997, qui permettait aux conseillers d’allouer une aide d’urgence, par exemple pour éviter les ruptures de ressources en attendant l’ouverture des droits aux minima sociaux.
Les dysfonctionnements de Pôle emploi prennent de l’ampleur dans un contexte d’insuffisance de moyens et de saturation des conseillers, et alors que l’on est sur une courbe ascendante de 1 000 nouveaux inscrits par jour et de 90 000 à 100 000 personnes qui arrivent en fin de droits tous les mois. La souffrance, qui existe des deux côtés du guichet, frappe les plus précaires, soumis à la fois au durcissement du marché du travail, des contrôles et des règles administratives. La multiplication des contrats courts ou en intérim entraîne des recalculs par le système informatique, qui génèrent des erreurs et la réclamation d’« indus » quand Pôle emploi s’en rend compte… parfois plusieurs mois après.
Nous portons un deuxième volet de revendications dans le cadre de la conférence sociale de juillet à laquelle. nous souhaitons participer. Afin d’éviter les ruptures de droit, nous demandons de réfléchir à un système unifié d’indemnisation regroupant l’allocation chômage, l’allocation spécifique de solidarité et le RSA, qui devrait être individualisé. Autre sujet, moins évoqué dans les débats: la relance du processus de réduction du temps de travail. Nous réclamons, par ailleurs, la révision des lois de 2005 et 2008 définissant les droits et devoirs des demandeurs d’emploi. Nous sommes en contact avec des parlementaires socialistes sur cette question.
Nous n’avons pas d’engagements concrets sur le fond, excepté la proposition par Michel Sapin d’une nouvele réunion avant la conférence sociale. Nous ne sommes, en outre, pas optimistes sur la volonté du gouvernement d’inverser radicalement la politique qui a renforcé le creusement des inégalités. Nous réfléchissons à une mobilisation commune pour réclamer les réponses qui s’imposent.
(1) Le comité de liaison a notamment réuni le MNCP, AC!, l’APEIS, la CGT chômeurs, Solidarités nouvelles face au chômage, les syndicats de salariés, le ministre du Travail et le directeur général de Pôle emploi.