Ils ont 14, 15 ou 16 ans et répondent à un quiz sur la sexualité. Leurs réponses sont surprenantes. Ils manifestent une envie d’arrêter toute vie sexuelle alors qu’ils entrent juste dans l’adolescence. C’est que Romain, Thibault et Sien sont de très jeunes délinquants sexuels, qui ont commis des attouchements ou des viols sur des enfants. Sanctionnés, obligés de se faire soigner par décision du juge des enfants, ils veulent échapper à l’image de monstre qui leur colle à la peau. Jeux criminels est une immersion dans les consultations de l’antenne de psychiatrie et de psychologie légale de La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine). Dans ce service spécialisé, ouvert il y a une douzaine d’années, Samuel Lemitre, psychologue-criminologue, suit de jeunes patients pendant des mois, voire des années, en consultations individuelles ou en thérapies de groupe dans le but de les comprendre, de les soigner et surtout d’éviter la récidive à l’âge adulte. Le titre du documentaire d’Adrien Rivollier, déjà réalisateur de plusieurs reportages sur la délinquance juvénile (1), n’est peut-être pas des plus adaptés – il n’y a de jeux ni dans les délits commis, ni dans la prise en charge des actes. Reste que le documentaire est particulièrement intéressant puisqu’il révèle une parole inédite, celle d’agresseurs, eux-mêmes souvent victimes de pédophiles, et une analyse de professionnels qui ont su créer chez ces jeunes, après une mise en confiance, l’envie de faire un travail sur eux-mêmes. Le service affiche des résultats sur prenants : il ne recense, sur 100 adolescents suivis, que quatre cas connus de récidive.
Jeux criminels
Adrien Rivollier – 54 min – Cocottesminute Productions – 22 € – Acheter sur
(1) Dont Enfances difficiles, affaire d’Etat (voir ASH n° 2685 du 3-12-10, p. 36) ou encore Point de chute et Au tribunal de l’enfance (voir ASH Magazine n° 29 du 3-10-08, p. 48).