L’art a de multiples facettes, cet ouvrage collectif aussi. Il propose en effet d’appréhender les relations très diverses pouvant être établies entre art et handicap, « deux mondes différents, mais qui ont tendance aujourd’hui à se rapprocher », estime la psychanalyste Simone Korff-Sauss, qui a coordonné cette stimulante publication. Ce rapprochement est à la fois dû au fait que des artistes contemporains s’intéressent au handicap et que des personnes handicapées se voient proposer des activités artistiques valorisantes, ayant ou non des finalités thérapeutiques. Créé il y a quarante ans, le Creative Growth Art Center d’Oakland, en Californie (Etats-Unis), fournit une illustration marquante de cet entrelacs d’enjeux personnels et artistiques. Fondé et animé par des artistes et non par des travailleurs sociaux ou des psychologues, ce centre d’art n’est pas une école mais un gigantesque atelier collectif qui accueille gratuitement chaque semaine 163 adultes handicapés, surtout des personnes ayant une déficience intellectuelle. « On répond à leurs questions au moyen de conseils et de techniques », mais « nous n’intervenons pas pendant l’activité créatrice », explique Tom Di Maria, directeur du lieu. Aujourd’hui, des œuvres de personnes ayant travaillé dans ce centre, comme Judith Scott, née trisomique et sourde, sont présentes dans d’importantes collections. Pour autant, « tous nos artistes ne deviennent pas de grands artistes », souligne Tom Di Maria, pour lequel l’essentiel est le processus de création. D’ailleurs, les participants ne demandent presque jamais à rentrer chez eux avec une œuvre, ni à la revoir, précise-t-il.
Art et handicap. Enjeux cliniques
Sous la direction de Simone Korff-Sausse – Ed. érès – 26 €