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Un collectif se dresse contre l’ouverture des salles d’injection de drogues supervisées

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« Non aux salles de shoot, oui à la prévention », clame le Collectif pour la prévention des toxicomanies (1) dans une lettre adressée au Premier ministre le 10 mars et envoyée en copie à la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) et au ministère de la Santé. Les associations membres ont rédigé un manifeste « contre l’expérimentation de salles d’injection de drogues aux toxicomanes, supervisées par des personnels médicaux et financées par l’Etat », alors même que le feu vert a été donné pour une ouverture d’un premier centre, à titre expérimental, « avant l’été », dans le Xe arrondissement de Paris (2). Elles rejoignent ainsi la position de l’Académie de médecine – pour qui « les addictions aux substances psychoactives créent un état de maladie qu’il convient de traiter et non d’entretenir » (3). Le collectif, qui s’étonne que les associations et les familles concernées n’aient pas été consultées, redoute que cette salle d’injection « ancre des toxicomanes dans leur toxicomanie », voire « recrute d’autres victimes par une banalisation de l’usage de drogues ». Il estime également que le quartier où elle sera implantée sera livré aux va-et-vient des toxicomanes et aux dealers, « ce qui amplifiera le trafic aux abords de cette structure ». Au-delà des problèmes légaux qu’elles soulèvent – « Pourquoi ce qui est interdit à l’extérieur est au?torisé à l’intérieur ? » – Jean Costentin, professeur en pharmacologie, qui préside le collectif, déplore le fonctionnement même des salles d’injection : « se sachant pris en charge en cas d’overdose, le toxicomane aura une propension à forcer la dose ». « Pour aider les drogués, il faut compliquer l’accès à la drogue et non le faciliter », pointe Sylvie Roussel du Phare-Famille face à la drogue, pour qui l’ouverture de ces salles est « intolérable ». « On ne peut pas accepter qu’on accompagne les gens dans la destruction », renchérit Thérèse Hannier, présidente de Phare Enfants-Parents.

Pierre Beyries, délégué du Comité national d’information sur la drogue, insiste enfin : « La première salle d’injection est née en 1986 à Berne en Suisse. Si elle avait permis de réduire la consommation de drogue dans la région, au lieu d’essaimer, elle serait fermée aujourd’hui. » Le collectif rappelle que la France, à la différence des autres pays qui ont mis en place des salles d’injection, est déjà dotée de différentes structures de prévention – notamment les centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) et les centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour les usagers de drogues (Caarud) –, dont « l’évaluation rigoureuse s’impose avant toute décision de création de salle de shoot ». Il regrette en outre que les pouvoirs publics « restent discrets sur le coût prévisionnel des salles d’injection » (4). Il propose enfin, comme alternative pour la réduction des risques infectieux, la distribution par les officines de seringues à usage unique rétractable.

Notes

(1) Le collectif regroupe le Centre national de prévention, d’études et de recherches en toxicomanie (CNPERT), la Fédération de familles de France, la Fédération nationale des associations de prévention des toxicomanies, Phare Enfants-Parents et le Comité national d’information sur la drogue d’Eure-et-Loir et du Gers.

(2) Voir ASH n° 2796 du 8-02-13 p. 16.

(3) Voir ASH n° 2798 du 22-02-13, p. 18.

(4) Le Pr Jean Costentin a évalué le coût de fonctionnement annuel de la salle d’injection parisienne à plus de 1,2 million d’euros.

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