Entre deux et trois millions de foyers seraient concernés par la précarité énergétique (1), la majorité d’entre eux vivant dans les bourgs et les campagnes, selon une enquête du Crédoc (2). Le centre de recherche, pour qui cette précarité illustre « les difficultés croissantes d’une partie de la population à boucler ses fins de mois », l’explique par deux tendances lourdes : la mauvaise qualité énergétique d’une part importante du parc immobilier – un tiers des Français déclare habiter un logement comportant au moins « un défaut majeur de qualité » – et l’augmentation des dépenses contraintes liées au logement.
La dépense d’énergie pour se chauffer, cuisiner, s’éclairer, se laver, faire fonctionner les appareils domestiques s’élevait en 2006 (dernière enquête INSEE-Budget de famille) à 1 450 € en moyenne par an. Les ménages qui habitent les petites villes ou communes rurales ont des factures bien plus lourdes (+ 17 % pour les petites villes et + 23 % pour les communes rurales). Cela s’explique par le type de logement, plus souvent des maisons individuelles de grande taille et des bâtiments à mauvaise effi?cacité énergétique. Le taux d’effort énergétique, c’est-à-dire la part que prend la facture d’énergie pour le logement dans le budget domestique, connaît des écarts encore plus marqués : 3,1 % pour les ménages de l’agglomération parisienne contre 7,3 % pour ceux des communes rurales.
La dépendance des Français aux différentes sources d’énergie est, elle aussi, fortement déterminée par la localisation. Plus l’unité urbaine est importante, plus les ménages sont alimentés par les réseaux électriques et de gaz. A l’inverse, plus la densité résidentielle est faible plus les habitations doivent s’alimenter avec les énergies issues du pétrole. Mais, selon le Crédoc, « ce ne sont pas les prix de l’énergie ou du carburant qui précipitent les ménages dans la précarité énergétique, mais l’augmentation non maîtrisée des besoins en énergie et des besoins en mobilité ». Ceux-ci sont le fait de tendances structurelles, inscrites dans les modes de vie collectifs, sur lesquelles les ménages ont peu de prise… Le centre de recherche estime que « pour résorber la précarité énergétique, l’enjeu réside donc moins dans le blocage de prix des énergies que dans la garantie d’un bon niveau de service énergétique à des coûts raisonnables ».
(1) La loi du 10 juillet 2010 retient qu’« est en précarité énergétique une personne qui éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison notamment de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat ».
(2) « La précarité énergétique pose la question du coût du logement en France » – Consommation et modes de vie n° 258 – Mars 2013 –