A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Médecins du monde a publié une enquête sur la contraception et la prévention des cancers féminins chez les femmes en situation de précarité en France (1), réalisée dans ses centres d’accueil, de soins et d’orientation (CASO) de cinq villes de France : Paris, Saint-Denis, Bordeaux, Nice et Marseille. Une véritable alerte sur « l’existence de fortes inégalités sociales » en la matière.
Cette étude, effectuée en février dernier auprès de 203 femmes, pour la plupart migrantes (Maghreb, Afrique subsaharienne, Europe), met en effet l’accent sur le manque criant de dépistage des cancers féminins chez les populations en situation de grande précarité ou d’exclusion. Ainsi, seul un tiers des femmes interrogées dans ces structures avaient déjà fait un frottis cervico-vaginal au cours de leur vie contre 94,9 % de la population générale. Plus d’un tiers de ces femmes ignoraient l’existence du frottis cervico-vaginal en prévention du cancer du col de l’utérus, et 70 % des moins de 35 ans n’avaient jamais entendu parler du vaccin HPV (contre le papillomavirus humain). D’ailleurs, seulement 1 % d’entre elles étaient vaccinées contre 27 % des moins de 25 ans en France en 2010.
De plus, selon l’étude de Médecins du monde, pour la tranche des 50-74 ans, « le dépistage des cancers du sein par mammographie est largement insuffisant ». Quant à l’usage d’un moyen de contraception, il est pour le moins peu répandu chez elles : en effet, seulement 23,5 % des 15-54 ans de ces femmes en situation de précarité y ont recours de façon régulière, contre 72 % de la population générale. Et l’absence de contraceptifs est la première explication du recours à l’IVG (interruption volontaire de grossesse), qui concerne 37,9 % de ces femmes, contre 17,4 % de la population générale (en 2005).
Pour remédier à ces « fortes inégalités sociales », l’association préconise un développement des actions de prévention ciblées et adaptées aux populations précaires. Pour cela, il est indispensable de proposer un bilan de santé incluant examens et dépistages spécifiques à celles qui ont accès à l’aide médicale de l’Etat. Sans oublier de faciliter l’accès aux soins pour les femmes en situation de précarité ou d’exclusion en général.
(1) Etude disponible sur