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Disparition – Le sociologue Robert Castel

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est mort le 12 mars à 79 ans. Directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), celui qui travaillait depuis 50 ans à repenser le lien entre les marges et le centre de la société était né à Brest en 1933 dans un milieu populaire. Alors qu’il se destinait à devenir ajusteur mécanicien, il est repéré au collège par son professeur de mathématiques qui le pousse à poursuivre ses études… et finit par décrocher l’agrégation de philosophie !

Son directeur de thèse, Raymond Aron, l’initiera à la sociologie. D’abord intéressé par la sociologie de l’éducation, grâce aux travaux de Pierre Bourdieu, il a ensuite voulu – jugeant ce terrain « un peu trop balisé » (1) – construire son propre objet de recherche : les personnes en marge, en particulier dans le champ de la maladie mentale. Après avoir écrit plusieurs ouvrages sur la psychanalyse et la psychiatrie, « il a eu envie de faire autre chose car il avait la sensation que sa réflexion risquait de tourner en rond, expliquait en 2012 le sociologue Claude Martin aux ASH (2). En s’intéressant à la protection sociale, Robert Castel prolongeait sa réflexion, mais en ouvrant un tiroir nouveau et immense. » Qu’est-ce que le social ? A partir de quand la société s’est-elle mise à penser la nécessité d’un bien-être collectif pour garantir le bien-être individuel ? Toutes ces réflexions le conduisent à réaliser un ouvrage majeur sur cette thématique, Les métamorphoses de la question sociale, paru en 1995 (Ed. Fayard). De ce dernier vient le concept de « désaffiliation », définie comme la « dissociation du lien social ».

Sa conviction : il faut permettre à chaque individu de pouvoir s’assurer a minima de ce que sera sa condition du lendemain. « Mais il ne pensait jamais en termes d’assistance, il réfléchissait plutôt en termes de protection, de droits », précise Claude Martin. « Une confusion tend à s’instituer entre assistance et assistanat, avec de plus en plus d’insistance depuis une vingtaine d’années », avait récemment déploré Robert Castel lors du congrès de l’Uniopss (3). En 2009, dans un long entretien qu’il avait accordé aux ASH, le sociologue avait partagé son point de vue sur la crise économique, estimant que même si « les lendemains ne chantent plus », cette crise fournissait au moins l’occasion, pour un grand nombre de gens, d’« entamer une prise de conscience » (4).

Parmi ses plus récents ouvrages, citons L’insécurité sociale : qu’est-ce qu’être protégé ? (Ed. du Seuil, 2003), La discrimination négative (Ed. La République des idées/Seuil, 2007) (5) et La montée des incertitudes : Travail, protections, statut de l’individu (Ed. du Seuil, 2009).

Notes

(1) Selon le quotidien Le Monde du 9-01-11.

(2) Voir ASH n° 2760 du 18-05-12, p. 28.

(3) Voir ASH n° 2795 du 1-02-13, p. 21.

(4) Voir ASH n° 2601 du 20-03-09, p. 34.

(5) Voir ASH n° 2533 du 30-11-07, p. 38.

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