Les plats à base de viande de cheval retirés du commerce peuvent-ils être redistribués aux plus démunis ? Oui, mais pas n’importe comment, estiment les principales associations d’aide alimentaire. Afin d’éviter le gâchis d’une alimentation a priori sans risque alimentaire avéré, le ministre de l’Agriculture, Sébastien le Foll, avait indiqué le 1er mars que les professionnels de la filière agro-alimentaire et de la distribution pouvaient donner les stocks de plats cuisinés, conformément au Plan national pour l’alimentation (1), à des associations chargées de la distribution de dons alimentaires. « Attention au symbole », avait aussitôt réagi la FNARS (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale), pour qui « le gouvernement véhicule avec cette proposition l’image d’une catégorie de population de seconde zone ». Pour elle, « si l’on estime nécessaire de retirer du circuit alimentaire une catégorie de produits, le principe d’égalité impose que cette mesure protège tout le monde, sans exception ». Le ministre de l’Agriculture précisait, de son côté, qu’il revenait aux organismes de décider s’ils souhaitaient ou non redistribuer les plats cuisinés.
Pragmatiques, le Secours populaire, la Croix-Rouge française, les Restos du cœur et la Fédération française des banques alimentaires, reçus le 5 mars par la ministre de la Lutte contre l’exclusion, Marie-Arlette Carlotti, ne sont pas fermés à cette proposition. « Nous avons fait un rapide sondage auprès de nos bénéficiaires : 90 % nous ont dit “Pourquoi pas ? Si on n’est pas malade, on veut bien prendre, parce qu’aujourd’hui, on a du mal à se nourrir” », précise Jean-Louis Callens, secrétaire national en charge des questions d’alimentation au Secours populaire. Les quatre associations ont déterminé les critères sur lesquels elles se fonderont pour prendre ou non les produits retirés du commerce : « Une totale sécurité sanitaire sera la condition sine qua non, insiste Olivier Berthe, président des Restos du cœur. Il faudra aussi que les produits soient donnés dans des quantités qui nous permettent de les distribuer sans rompre l’équilibre nutritionnel », tandis que la personne bénéficiaire devra être informée du contenu et « avoir le choix avec un autre produit ». La ministre, Marie-Arlette Carlotti, veut également rassurer les associations :« Nous savons que ces produits sont consommables, mais il va falloir savoir dans quelles conditions ils ont été stockés entre-temps, où ils sont, quelle est la gamme de produits (conserves, surgelés), quelle est la quantité… » Elle précise que les denrées des opérateurs qui auraient trompé sciemment leurs clients seront « systématiquement écartées » des dons. Pour l’heure, les associations sont dans l’attente d’une réunion avec les opérateurs industriels.
(1) Qui prévoit cette possibilité lorsque des produits préemballés présentent des défauts de marquage ou d’étiquetage