Guilo Colelli ne savait pas que sa vie était en équilibre. A 40 ans, ce fonctionnaire installé à Rome avec sa femme et ses deux enfants mène une existence ordinaire. Sans faste, il parvient à emmener sa famille en vacances, à acheter un scooter à sa fille ou à payer l’appareil dentaire de son fils. Sauf qu’un jour « un coup de vent » va le faire tomber : une aventure d’un soir brise son couple. Forcé de quitter le domicile conjugal, il n’arrive pas à trouver avec son maigre salaire un logement décent dans la capitale italienne. Il se résout à loger à l’hôtel, où il ne peut pas recevoir ses enfants ni se faire à manger. Les factures continuent de tomber, tout comme la pension alimentaire. La banque lui interdit un nouveau prêt. Guilo tente alors le système D ; un deuxième travail, la nuit, l’épuise. Ses amis, à qui il emprunte de l’argent, se détournent peu à peu de lui. Surtout, avec la précarité, son humeur change. Ses relations avec ses enfants, jusque-là excellentes, se délitent. « Je vis un cauchemar », dit-il à un inconnu qu’il rencontre dans une association d’aide aux pères séparés. « Le divorce, c’est pour les riches, pas pour les gens comme nous », lui répond celui-ci. La frontière était donc bien ténue entre l’aisance et la pauvreté. A la fin des Equilibristes, Guilo dort dans sa voiture et se lave dans les toilettes publiques, il se nourrit à la soupe populaire, ses cheveux et sa barbe ont blanchi, son moral est au plus bas. Même s’il a un travail, il s’est clochardisé et sent qu’il n’a plus de raison d’exister aux yeux de sa famille et de la société. Le réalisateur de ce film italien laisse entrevoir une lueur d’espoir, sans révéler ce qu’il va advenir de cet homme anéanti. Un film réussi sur les craintes qui hantent notre société actuelle, où la perte d’un emploi ou la fin d’une histoire d’amour peuvent entraîner des difficultés économiques incommensurables et faire basculer toute une vie.
Les équilibristes
Ivano De Matteo – 1 h 53 – En salles