G râce au professeur Robert Hugonot, qui a brisé le silence sur ce phénomène à la fin des années 1980, la maltraitance des personnes âgées est devenue une préoccupation majeure du secteur de la gérontologie. Une préoccupation et une gêne – « gêne que ça existe, gêne que l’on en parle », commentent les auteurs de cet ouvrage collectif dirigé par le psychosociologue Jean-Jacques Amyot. Cet embarras explique le succès de la notion nettement moins stigmatisante de bientraitance. Mais, quelle que soit la facette choisie pour aborder cette problématique, il ne s’agit pas d’en rester au stade de la dénonciation ni de l’incantation. Cet épais guide s’y emploie, qui invite à interroger les politiques managériales, les organisations du travail et les pratiques professionnelles en institution. A cet égard, la difficulté des conditions d’exercice des personnels est minutieusement décrite et analysée, ainsi que la singularité de la relation d’aide auprès de personnes en perte d’autonomie, qui est elle-même lourde à assumer. Au-delà des constats, différentes pistes d’action en matière de gestion des risques et de prévention de la maltraitance sont présentées, notamment une formation de personnes-ressources à même d’assister le directeur d’un établissement pour promouvoir concrètement la bientraitance en son sein. Organisée en Poitou-Charentes il y a quatre ans, cette formation expérimentale, à laquelle 134 professionnels de 132 établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes ont participé, a notamment permis aux stagiaires d’appréhender les conditions d’un accompagnement respectueux de la dignité, de la vulnérabilité et des droits des usagers âgés.
Prévenir et lutter contre la maltraitance des personnes âgées
Sous la direction de Jean-Jacques Amyot – Ed. Dunod – 35 €