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« Vers un nouveau pacte entre les générations »

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Cohérence, transversalité, co-construction, suivi annuel… La feuille de route issue du comité interministériel de la jeunesse du 21 février (voir ce numéro, page 10) constitue une approche nouvelle des politiques de jeunesse, se félicite Olivier Toche, directeur de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP), partie prenante de son évaluation.
Comment accueillez-vous ces mesures ?

L’INJEP a été associé à la préparation du comité en apportant son expertise à la partie « diagnostic » des travaux, en proposant des indicateurs qui serviront d’instruments de suivi des mesures et en fournissant des éléments de comparaison, notamment européens, sur la participation des jeunes. Le ministère de la Jeunesse a réussi la gageure de réunir et de coordonner plus de 20 ministères, sous la présidence du Premier ministre. La feuille de route qui a été entérinée prend acte, malgré un contexte de fortes contraintes sur les finances publiques, de la nécessité et de l’urgence d’une approche globale et transversale des questions de jeunesse, alors que les jeunes sont particulièrement mis en difficulté par la crise.

Ne faut-il pas regretter le manque de mesures nouvelles pour les jeunes les plus en difficulté et l’absence de programmation budgétaire ?

L’enjeu du comité était de traduire le chantier prioritaire de la jeunesse par la mobilisation de tous les départements ministériels sur les questions d’orientation, de formation, d’emploi, de santé, de logement ou encore d’accès à la culture. Il en ressort une vraie cohérence entre des décisions déjà annoncées ou qui ont commencé à être mises en œuvre et des chantiers qui s’ouvrent pour favoriser l’autonomie des jeunes. Avec l’idée d’une sécurisation des parcours, en privilégiant le droit commun plutôt que des mesures catégorielles, en favorisant la participation des jeunes et en luttant contre les inégalités et les discriminations. Certaines mesures conjoncturelles visent à répondre à la crise, comme les emplois d’avenir, d’autres sont plus structurelles. Il faudra une mobilisation de tous les acteurs pour faire face aux risques de désaffiliation sociale et civique des jeunes qui ne sont ni en études ni en emploi (1). A ce titre, la mise en chantier d’une « garantie jeune », d’un montant équivalent à celui du RSA et assortie d’un accompagnement renforcé, peut être lue comme une première étape vers l’accès des moins de 26 ans à un minimum garanti de droit commun. Parmi les mesures structurelles, la création de collèges « jeunes » au sein des conseils économiques sociaux et environnementaux régionaux est loin d’être anecdotique. Elle permettra d’y renouveler les débats et donnera un signal pour faire partout davantage de place aux jeunes. Utiliser le service civique pour remédier au décrochage est un autre moyen d’élargir les formes d’apprentissage, de valoriser la logique d’engagement, de permettre aux jeunes d’acquérir des compétences transférables. Il résulte de ce premier comité interministériel le projet d’un nouveau pacte entre les générations.

La gouvernance annoncée apparaît comme une nouveauté…

S’il y a déjà eu, par le passé – de 1983 à 2002 –, une délégation interministérielle à l’insertion des jeunes, il s’agit, cette fois, d’un pilotage interministériel de l’ensemble des politiques liées à la jeunesse – pas seulement de l’emploi, même si ce sujet reste crucial. Avec une feuille de route, un rendez-vous annuel et la volonté de valoriser la construction d’une action publique avec les jeunes eux-mêmes, preuve qu’on leur fait désormais confiance. Il est positif qu’une instance – la prochaine conférence nationale de la jeunesse – puisse réunir à la fois les collectivités territoriales, les partenaires sociaux, les associations de jeunesse et d’éducation populaire et les jeunes. Les politiques de jeunesse se font à plusieurs niveaux et requièrent la mobilisation de tous.

Quel va être le rôle de l’INJEP ?

Il apportera au futur délégué interministériel son expertise. Il lui fournira un rapport annuel sur la jeunesse et animera un groupe de travail statistique, chargé de la collecte et de l’actualisation des données liées aux indicateurs retenus pour l’évaluation.

Notes

(1) Dont l’INJEP a fait état dans son premier rapport, rendu public en décembre dernier, sur l’état de la jeunesse : « Inégalités entre jeunes sur fond de crise. Rapport de l’Observatoire de la jeunesse 2012 » – La Documentation française/INJEP – Voir ASH n° 2786 du 7-12-12, p. 18 – Alternatives économiques vient par ailleurs de publier un hors-série, « L’état de la jeunesse en France », réalisé en partenariat avec l’INJEP et l’AFEV.

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