Après s’être appuyées sur la notion d’insertion, puis sur celle d’intégration, les politiques publiques se sont de plus en plus axées sur la lutte contre les discriminations, expliquent Marie-Hélène Eloy, professeure de lettres, et Alain Merckaert, psychosociologue, maîtres d’œuvre de cet ouvrage collectif. La lutte contre les discriminations s’imposerait-elle du fait d’une meilleure identification à l’Autre reconnu comme victime d’un déni de droit ? La plupart des groupes humains dits traditionnels « se désignent dans leur langue comme les hommes, les hommes “véritables”, excluant ainsi les autres de l’authentique humanité », souligne Claude Carpentier, professeur émérite en sciences de l’éducation. Chaque communauté ethnique est ainsi traversée par l’idée que sa différence va de pair avec une supériorité sur les dissemblables. Précisément, les discriminations ont un aspect fondamentalement politique. En effet, une de leurs caractéristiques centrales, pointée par le sociologue Denis Blot, est le rapport de pouvoir qui unit victime et auteur, ce dernier ayant les moyens d’imposer sa volonté au discriminé. Pour contrer ce pouvoir qui est le pouvoir du nombre par rapport à une position minoritaire, il faudrait que les membres desdites minorités acquièrent une reconnaissance publique. Tel est le sens du plaidoyer de Bernard Delemotte, militant associatif amiénois, en faveur du droit de vote et d’éligibilité des résidents étrangers aux élections locales, car « seuls ceux qui peuvent intervenir dans les choix politiques […] voient leur présence incontestée », notamment lorsque cette dernière est jugée indésirable par certains.
Entre intégration et discriminations. Clés de lecture
Ouvrage collectif coordonné par Marie-Hélène Eloy et Alain Merckaert – Ed. Licorne – 15 €