Comment mieux former les professionnels qui travaillent auprès des personnes handicapées ? Tel est le thème du rapport présenté le 21 février par Handéo, première enseigne nationale de services à la personne pour les situations de handicap, et l’association Handidactique-I=MC2 (1).
Face aux besoins insatisfaits en matière d’accompagnement à domicile de personnes handicapées, les deux organisations se sont engagées dans une démarche de longue haleine. Sous l’égide d’un comité national de réflexion (2), des experts ont été auditionnés et une enquête a été réalisée à partir d’entretiens et de questionnaires auprès de personnes handicapées et de services d’aide à domicile. Deux expérimentations ont également été lancées : l’une, en partenariat avec le réseau Aura 77, vise à étudier la spécificité de l’intervention à domicile auprès d’enfants et d’adolescents autistes en Seine-et-Marne, en vue de former les professionnels. L’autre a pour objectif de concevoir une formation pour les salariés de services à la personne intervenant auprès de personnes handicapées moteur ayant été formées par l’Institut du Mai à Chinon (Indre-et-Loire).
Le rapport issu de ces réflexions présente une vingtaine de préconisations. Une urgence tout d’abord : favoriser l’accès à la qualification. Certes, des efforts ont été réalisés depuis 2009 mais les métiers restent peu qualifiés (CAP ou BEP), voire considérés comme un travail « en attendant mieux ». Le comité préconise également de « développer des actions de formation professionnelle d’adaptation au projet de vie des personnes en situation de handicap ». La validation des acquis de l’expérience et les formations en alternance peuvent aussi être des pistes à envisager.
Comme le montre le rapport, les prestations à domicile pour les personnes handicapées se sont développées historiquement par extension du modèle d’accompagnement créé pour les personnes âgées. Or la transposition de ce dernier ne peut plus suffire. Le comité national de réflexion propose d’introduire dans les formations des intervenants à domicile des modules sur les spécificités liées à l’intervention auprès de tel ou tel handicap. Il souligne aussi la nécessité de former le personnel d’encadrement car les spécificités de l’accompagnement de personnes en situation de handicap imposent des choix managériaux bien précis (horaires, durées des interventions).
Indispensable également, la simplification des diplômes, trop nombreux et sans cohérence. Qu’on en juge : 19 certifications pour le niveau V (BEP) et 9 pour le niveau IV (bac), réparties entre différents ministères. Le rapport invite donc à un rapprochement des administrations concernées afin de déterminer des orientations communes et de créer des passerelles. Il veut aussi associer des formateurs handicapés car « la combinaison d’un savoir technique et d’un savoir issu de l’expérience personnelle » représente « une réelle richesse pédagogique ». Et préconise la mise en place d’un plan national de formation des formateurs de l’aide à domicile.
Reste la question du financement des temps d’analyse de la pratique et de la coordination, non pris en compte actuellement par la prestation de compensation du handicap individuelle et sur laquelle le comité de réflexion souhaite avancer.
Enfin, ces propositions ne pourront pas être mises en œuvre si les emplois de l’intervention à domicile ne sont pas suffisamment attractifs, insiste le comité national de réflexion. Avec 45 % des salariés payés au SMIC, sans compter un niveau d’exigence élevé en matière de compétences techniques et de connaissance des pathologies, des horaires décalés, une grande faculté d’adaptation aux différentes situations, ces métiers ne font pas rêver. Le comité souhaite le lancement d’une campagne de presse nationale pour changer leur image.
(1) « Quelle formation pour les professionnels de l’intervention à domicile auprès des personnes en situation de handicap ? » – Février 2013 – Disponible sur
(2) Ouvert notamment aux représentants d’administrations centrales, de la formation et d’associations d’aide à domicile.