L’Académie de médecine, qui s’était déjà prononcée en janvier 2011 contre l’expérimentation de salles de consommation contrôlée de drogues (1), avant d’annoncer en novembre dernier la constitution d’un groupe de travail, a émis un nouvel avis. Elle réitère ses principaux arguments : « Les addictions aux substances psychoactives créent un état de maladie qu’il convient de traiter et non d’entretenir » et la France est dotée de structures de soins en capacité de mettre en œuvre une politique de réduction des risques efficace. A ses yeux, le projet, qui « serait d’un coût élevé », ne devrait pas être conduit au détriment des actions existantes. Elle identifie deux obstacles à sa réalisation, l’un lié aux impératifs de sécurité sanitaire, l’autre à la nécessité de satisfaire « à des exigences éthiques et juridiques » : critères d’évaluation et calendrier de l’expérimentation définis à l’avance, recueil du consentement éclairé des personnes, définition de la responsabilisation des pouvoirs publics et des professionnels…
La Fédération française d’addictologie (FFA) pointe, pour sa part, « plusieurs contradictions » dans la position des académiciens, qui « reconnaissent, d’un côté, l’efficacité de la politique de réduction des risques en France » mais « en contestent, de l’autre, les fondements ». Celle-ci ne consiste-t-elle pas justement à « diminuer les risques liés à l’usage avant qu’il ne puisse être arrêté » ? La FFA considère, quant à elle, l’expérimentation comme « un élément supplémentaire dans les stratégies de prévention et de réduction des risques ». Elle se félicite de l’ouverture annoncée d’une salle à Paris (2), tout en recommandant une évaluation scientifique de son efficacité. Cela pour éviter « à certains académiciens ou responsables politiques de continuer à faire passer de l’idéologie pour de la science ».