Un réseau à préserver

Dans la salle de classe, Raphaël se cache dans des cartons puis se jette à l’assaut de sa rééducatrice. Quelques heures plus tard, Mélissa, elle, joue à la maîtresse autoritaire devant la professionnelle. Ces jeux servent avant tout à « mettre à distance les angoisses » et à « redonner l’estime de soi » à des enfants en difficulté durable d’apprentissage ou d’adaptation à l’école. C’est en tout cas l’objectif des réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (RASED) auprès des enfants d’écoles maternelles et élémentaires. Or 5 000 postes de rééducateurs ont été supprimés depuis 2008 (1). De quoi encourager la Fédération nationale des associations des rééducateurs de l’Education nationale (Fnaren) à soutenir la démarche du réalisateur Pierre de Nicola. En dévoilant ce qui se passe durant les séances de rééducation, celui-ci souhaitait montrer comment elles pouvaient aider les enfants à devenir « des sujets bien parmi les autres ». Il explique sa démarche en quelques mots : « Témoigner de ce qui existe au sein même de l’école, montrer le niveau d’élaboration et la motivation de personnes qui s’occupent des enfants dans les RASED et les résultats obtenus. » Le film Un parmi les autres propose donc de suivre plusieurs rééducateurs (dont la femme du réalisateur), les uns encore en formation, les autres dotés d’une longue expérience, dans leur journée de travail. Leurs pratiques –? des séances souvent fondées sur le plaisir – sont analysées tout au long du film par un inspecteur de l’Education nationale, un psychanalyste, un psychiatre, des enseignants et des parents d’élèves.

« On a de plus en plus d’élèves qui souffrent et explosent à l’école. Ils perturbent le système et la vie d’une classe, témoigne un inspecteur. Il est plus que jamais nécessaire de maintenir un réseau d’aide. S’en priver mettrait les enseignants en difficulté. » Le documentaire a été montré près de 500 fois lors de projections débats à travers la France.