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Prévention du suicide : Marisol Touraine veut créer un observatoire national

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Le suicide « constitue un indicateur de l’état de notre société : lorsque le lien social se distend, le taux de suicide augmente ». « Il est l’affaire de tous [et] est partout, à l’école comme sur le lieu de travail, à la ville comme à la campagne. » Pour autant, il « ne doit pas être considéré comme une fatalité et le prévenir s’impose », a affirmé, le 12 février, la ministre des Affaires sociales et de la Santé aux membres du Conseil économique, social et environnemental (CESE), reprenant ainsi l’idée qu’ils ont développée dans un avis adopté le même jour (1). Profitant de l’occasion, Marisol Touraine a dressé les cinq grandes priorités qui sous-tendent sa politique en la matière, dont certaines s’inspirent des préconisations du CESE.

Selon le conseil, en 2010, le nombre de décès par suicide en France s’élevait à 10 509, soit une baisse de 20 % en 25 ans dans la population générale et de 50 % chez les adolescents. Les programmes nationaux de prévention du suicide, mis en place dans les années 2000, ont contribué à ce résultat, reconnaît le CESE, qui relève malgré tout que le taux de décès par suicide en France – 14,7 pour 100 000 habitants en 2010 – reste élevé au regard de la moyenne européenne qui se situait à la même époque à 10,2 pour 100 000 habitants. A ces chiffres, la ministre de la Santé ajoute « 220 000 tentatives de suicide qui conduisent à une prise en charge aux urgences hospitalières ».

Pour Marisol Touraine, la première priorité est pourtant de « mieux connaître la réalité du suicide ». Parce que « les informations actuellement disponibles sont insuffisamment coordonnées » et que « les tentatives de suicide sont mal documentées », la ministre veut créer un observatoire national du suicide. Une mesure préconisée par le CESE dans son avis. Il permettra « de mieux coordonner les informations existantes, de mieux repérer, de mieux alerter [et] sera un outil d’aide à la décision qui fédérera les acteurs professionnels et associatifs des champs sanitaire et social », a assuré la ministre.

Deuxième axe de la politique gouvernementale : « mieux coordonner les politiques de prévention » qui « ne peuvent pas être isolées » et « doivent être pleinement intégrées à la politique de santé mentale et de psychiatrie », a expliqué Marisol Touraine, répondant encore une fois aux vœux du CESE. Le conseil recommande en effet d’articuler plus étroitement le programme national d’actions contre le suicide et le plan « psychiatrie et santé mentale ». Il souligne toutefois que ce rapprochement nécessite d’attribuer des moyens humains et financiers, relevant au passage que « les structures d’accueil et de prévention du suicide se raréfient dans des proportions très préoccupantes »(2).

La ministre de la Santé s’est fixé comme autre priorité la formation des professionnels qui sont au contact des personnes vulnérables, un thème sur lequel le CESE met aussi l’accent. Ainsi, Marisol Touraine a notamment annoncé qu’un guide sera distribué aux personnels des établissements scolaires, aux infirmières et aux assistantes de service social, « afin d’améliorer le repérage des souffrances psychiques chez les enfants et les adolescents ».

Quatrième objectif pour la ministre de la Santé : l’amélioration de la prise en charge. Là encore, Marisol Touraine s’inspire des recommandations du CESE, qui insiste sur la nécessité « de disposer des ressources adaptées permettant une action, voire une intervention efficace et rapide ». Elle entend pour cela s’appuyer sur les associations, « qui sont chaque jour au contact direct des Français », réaffirmer la place centrale du médecin traitant, car « c’est lui qui doit jouer un rôle majeur dans le repérage des personnes à risque et de leur suivi », et améliorer l’articulation entre les soins de ville et l’hôpital que le CESE juge insuffisante dans certains territoires. « Nous soutiendrons les initiatives innovantes de suivi post-hospitalisation », a également assuré la ministre, énonçant « que le maintien d’un lien téléphonique ou que des échanges épistolaires réguliers à la sortie de l’hôpital font baisser le taux de récidive ».

Enfin, Marisol Touraine entend aborder la question de la prévention du suicide de manière globale, en faisant participer à sa politique les ministères de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports, de l’Enseignement supérieur et du Travail. La question du suicide des personnes âgées, qui doit être traitée « de manière transversale », fait l’objet d’une politique spécifique cordonnée par la ministre déléguée chargée des personnes âgées et de l’autonomie, a-t-elle fait savoir.

Notes

(1) Suicide : plaidoyer pour une prévention active – Didier Bernus – Prochainement disp. sur www.lecese.fr.

(2) Par exemple, relève le CESE, « l’Ile-de-France compte quatre structures aujourd’hui alors qu’elles étaient encore une dizaine il y a quelques années ».

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