Comment la vie s’organise-t-elle dans un centre d’hébergement pour SDF au fin fond du Colorado, aux Etats-Unis ? Qu’est-ce qui se passe quand un enfant élevé en pouponnière part pour une famille d’accueil ? Comment parvient-on à nourrir sa famille quand on est en « fin de droits » ? Qu’est-ce que grandir loin de ses parents maltraitants quand on est un adolescent en foyer de l’aide sociale à l’enfance ? C’est à toutes ces questions, et bien d’autres encore, que répondent les 32 films documentaires projetés dans le cadre de la 5e Biennale du film d’action sociale. Quatre prix seront décernés à l’issue des projections, qui se dérouleront à Paris et à Montrouge du 19 au 21 février. Parmi nos favoris, on retrouve L’épreuve des mots II (1), où Nicolas Favreau nous invite à suivre des personnes souffrant de déficience intellectuelle dans les couloirs du Louvre, et Histoire du carnet anthropométrique (2), de Raphaël Pillosio, qui montre l’hétérogénéité des gens du voyage. Dans Les fins de droits, Philippe Pichon dresse le portrait de trois Toulousains qui, malgré tous leurs efforts, n’arrivent pas à retrouver du travail. Ce documentaire d’une grande qualité montre à quel point le chômage est vécu comme une longue maladie. On ne voit pas les visages des bébés du documentaire Les enfants, de Christophe Hermans, mais on entend leurs pleurs. La caméra s’est immiscée dans le quotidien de la pouponnière Les Cerfs-Volants, à Bruxelles, et dévoile les moments forts où les auxiliaires de puériculture, qui veillent tels des anges gardiens sur ces petits êtres, doivent leur dire « au revoir ». Bénies soient les corvées ! est un joli titre pour un reportage d’Emmanuel Presselin et d’Aline Deforge sur un foyer américain pour sans-abri à la réputation particulièrement laxiste. Ils donnent la parole tantôt aux bénévoles qui font fonctionner la structure, tantôt aux résidents qui racontent leur vie cabossée, le tout sur fond de paysages grandioses. C’est au cœur de la forêt vosgienne qu’Anne-Marie Sangla a, quant à elle, posé sa caméra. Elle filme des jeunes de 14 à 17 ans placés par les services sociaux en foyer. Elle confronte, dans Il ne faut juger de rien, le regard des éducateurs portés par une foi inébranlable en ces jeunes que tout destine à l’échec. Le festival fait également une incursion en maison de retraite via le court documentaire L’oiseau dans la chambre. Emmanuel Saget y filme les conversations qu’il a avec sa grand-mère à la mémoire défaillante. Un portrait touchant de la vieillesse.
5e Biennale du film d’action sociale
Du 19 au 21 février, à Paris et à Montrouge (92) – Organisé par l’IRTS Ile-de-France Montrouge-Neuilly-sur-Marne – 40 € pour trois jours – Programme sur
(1) Voir ASH n° 2789 du 28-12-12, p. 30.
(2) Voir ASH n° 2779 du 19-10-12, p. 31.