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Celui qui aide… à mourir

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Le suicide assisté est un sujet d’actualité. Consacrés à ce thème, plusieurs romans – Tout s’est bien passé, d’Emmanuèle Bernheim (Ed. Gallimard), Vous ne connaîtrez ni le jour ni l’heure, de Pierre Béguin (Ed. Philippe Rey) – et films – Quelques heures de printemps, de Stéphane Brizé – sont sortis au cours des derniers mois. Ils montrent surtout le point de vue d’un membre de la famille de la personne en fin de vie. En souvenir d’André, un ouvrage de fiction qui a retenu notre attention, donne la parole à celui qui aide à mourir, un médecin. Son métier est de soulager les douleurs, et il s’épanouit dans un service de soins palliatifs. Puis, un jour, la vie fait de lui un autre homme, quelqu’un qui aide les autres à « s’endormir paisiblement ». Même si, dit-il, « assister ceux qui voulaient partir, ce n’était pas ma vocation », il finit par accepter d’aider tous ceux qui le choisissent. Et ils sont nombreux. Son premier « cas » est André, un ancien collègue et ami. « Il avait une peur grandissante d’étouffer dans son sommeil et, pire encore, de se réveiller un matin le cou troué par une canule de respirateur, l’abdomen branché sur une pompe à bouillie. – Je ne veux pas mourir en voyant ma poitrine se soulever contre ma volonté, je ne veux pas entendre la machine respirer à ma place. Je veux pouvoir dire au revoir à ma famille. Avec ma bouche, avec mes lèvres, avec ma gorge. […] Je voudrais que tu m’assistes. – J’ai d’abord fait mine de ne pas comprendre. »

Tout au long du roman, il ne pourra pas laisser partir ces hommes – très peu de femmes sont concernées, raconte-t-il – sans avoir retranscrit leurs confessions sur des cahiers. Le roman mêle donc grandes et petites histoires, réflexions sur l’euthanasie et tranches de vie. Au moment où lui-même se retrouve en fin d’évolution d’une maladie mortelle, le narrateur raconte son itinéraire de soignant et les anecdotes qui lui ont été confiées ; et, à son tour, il livre un secret. Sans prôner le suicide assisté, l’ouvrage incite à réfléchir à l’évolution possible des pratiques, notamment quand le narrateur affirme : « Ce que j’avais dans ma sacoche, tous les médecins y avaient accès. Mais beaucoup avaient peur. De quoi ? Je ne sais pas. D’être trop puissants ? » Et quand c’est Martin Winckler, lui-même médecin et auteur de talent, qui prend la plume, on ne peut que lui prêter une oreille attentive…

En souvenir d’André

Martin Winckler – Ed. POL – 16 €

Culture

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