Alors qu’une vingtaine d’organisations du champ des addictions, de la lutte contre le sida, d’élus et politiques, lasses de ne voir toujours rien venir, avaient demandé collectivement au Premier ministre « d’annoncer sans attendre l’expérimentation de salles de consommation à moindre risque en France », la réponse est tombée le 5 février. Ses services ont indiqué à l’AFP, confirmant une information de France Culture, avoir donné le feu vert pour expérimenter une salle de consommation de drogue à Paris. Interrogé par les ASH, le cabinet de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, explique avoir demandé à la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) d’accompagner la municipalité « en lien avec les ministères concernés, dans ses travaux préparatoires tels que le choix du site, la définition du cahier des charges ou l’évaluation scientifique ». Cette expérimentation « trouvera son cadre dans le prochain plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les conduites addictives en cours d’élaboration par la MILDT », assure-t-il. Le maire du Xe arrondissement de Paris, Rémi Féraud (PS), a d’ores et déjà indiqué qu’il était volontaire pour ouvrir une salle de consommation « avant l’été » près de la gare du Nord.
Si les choses avancent enfin, le gouvernement met toutefois la pédale douce en ne retenant qu’un site. Et alors que d’autres villes, notamment Marseille et Bordeaux, ont aussi des projets bien avancés. On réduit l’intérêt de l’expérimentation en la ciblant sur un seul territoire, regrette Jean-Pierre Couteron, président de la fédération Addiction : « Cela crée non seulement beaucoup de pression pour le lieu en question, qui devient en quelque sorte un étendard, mais cela empêche aussi de croiser les informations remontant de différents sites aux approches différentes. »