Au sein du champ associatif sanitaire et social, les établissements d’accueil des jeunes enfants sont particulièrement exposés à l’évolution de la concurrence du secteur marchand. Un constat qui a amené l’association Recherches et solidarités, dans le cadre de sa coopération avec l’Uniopss (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux) (1), à étudier la question de près (2).
Environ 3 330 établissements associatifs d’accueil de jeunes enfants employaient, en 2011, près de 33 000 salariés. Ces dix dernières années, leur nombre a peu augmenté (+ 8 %), mais les structures ont progressivement renfloué leurs équipes : elles sont passées d’un peu moins de 8,5 salariés en moyenne en 2002 à près de 9,8 salariés en 2011. Dans le même temps, le salaire annuel moyen a progressé de 13 000 à 17 300 € environ. Sur la décennie, le secteur a donc gagné quelque 6 500 emplois et connu une hausse de 48 % de sa masse salariale, hors inflation. « Hormis les augmentations de salaires, liées à l’ancienneté et aux promotions, on peut supposer que cette évolution résulte à la fois d’une augmentation du temps travaillé par les salariés et de l’application de la convention Snaecso » (convention collective des acteurs du lien social et familial), explique l’étude.
Les auteurs se sont également penchés sur l’évolution des structures au bout de cinq années, en fonction de leur taille. Celles qui comptaient moins de trois salariés en 2006 se sont révélées les plus fragiles (34 % ont disparu), mais beaucoup ont renforcé leurs effectifs. Celles qui avaient entre trois et cinq salariés ont le plus fréquemment augmenté leur nombre de salariés. « Parmi d’autres raisons, la mise en œuvre de la prestation de service unique PSU s’est accompagnée d’une incitation forte, par les caisses d’allocations familiales, au regroupement des crèches et des haltes-garderies au sein d’établissements multi-accueil. »
Quelle est la place du secteur associatif par rapport au secteur lucratif ? Ce dernier comptait en 2011 près de 11 500 salariés en établissement. Et, de 2002 à 2011, la proportion de structures associatives a diminué de 98 % à 79 %. Le secteur lucratif a gagné du terrain, encouragé par la conférence de la famille de 2003 et le plan « petite enfance » de 2006. La taille des structures du secteur marchand, globalement plus importante, a toutefois eu tendance à diminuer ces dix dernières années. De même, la courbe des rémunérations du secteur lucratif, sensiblement plus élevées en 2002, a cessé de croître après 2006. Au final, le salaire annuel moyen proposé par les associations est, en 2011, plus élevé (de l’ordre de 6 %) que dans le secteur lucratif. Selon l’étude, « les dirigeants d’associations attachent une grande importance au volume horaire qu’ils peuvent confier à leurs salariés : cela se traduit par une plus grande stabilité de ces personnels par rapport à un secteur lucratif qui connaît d’assez forts mouvements ». Ce qui explique aussi que les rémunérations sont plus élevées, « notamment depuis les effets de la crise économique, qui a ralenti l’augmentation du nombre de salariés depuis 2008 et a favorisé, en compensation, la croissance du volume horaire des personnels travaillant dans les établissements sous statut associatif ».
(1) Dans le cadre des missions du Centre national d’animation et de ressources (CNAR) du domaine social, médico-social et sanitaire porté par l’Uniopss.
(2) « La place des associations et les enjeux économiques pour l’accueil des jeunes enfants » – Janvier 2013 – Disponible sur