Il est important que tous les travailleurs sociaux, en raison des missions qui leur sont confiées, soient sensibilisés aux problèmes budgétaires et financiers et aux questions bancaires. Les CESF, quant à eux, ont une expertise dans ce domaine. Ils expriment néanmoins de plus en plus – et à mon sens, à tort – qu’ils ne sont pas assez formés. Il est vrai que depuis la réforme de 2009 des diplômes (BTS et diplôme d’Etat) de conseiller en économie sociale et familiale, les jeunes professionnels sont davantage formés aux procédures, à l’application de mesures qu’à l’accompagnement comme c’était le cas auparavant. Par ailleurs, compte tenu de la paupérisation de la population, de l’augmentation des dossiers de surendettement, du changement des publics – toutes les catégories sociales sont désormais concernées –, ils doivent « gérer le flux » ! Les problématiques économiques sont telles qu’ils doivent être « rentables » et l’accompagnement dans la durée se perd…
C’est surprenant, mais pourquoi pas ? A voir quelle sera la sous-direction concernée… Et si on implique aussi les banques dans cette réflexion, les discussions seront d’autant plus riches. Sur le terrain, nous constatons que des familles, « limites » au plan financier, ont du mal à comprendre les frais bancaires qui viennent s’ajouter les uns aux autres dès que leur compte est à découvert. Il y a un travail préventif à effectuer de la part des banques pour tout ce qui relève de l’éducation et de l’information bancaire. Si les personnes avaient les informations au préalable et connaissaient les risques encourus, elles n’émettraient peut-être pas de chèque sans provision.
Nous sommes favorables à ces espaces de conseil, d’orientation et de médiation mis en place conjointement par les réseaux bancaires, les associations, les collectivités locales et les services déconcentrés de l’Etat. Plusieurs expérimentations, comme à Grenoble, sont en cours et s’appuient sur des CESF, qui peuvent développer leur métier dans toutes ses dimensions. La personne qui vient pour un conseil n’est pas dans la même démarche que lorsqu’elle vient demander une aide financière. Les CESF peuvent donc travailler sur la globalité de la situation, comprendre la relation à l’argent de la personne et l’aider dans sa maîtrise budgétaire.
A la base, il faut agir au plan de la prévention. On pourrait ainsi proposer des cours d’économie sociale et familiale, qui seraient dispensés par des professionnels en ESF, dès le collège. Cela permettrait aux jeunes, qui commencent à recevoir de l’argent de poche, d’être sensibilisés, formés et informés sur l’argent, la consommation, les relations avec la banque. Il est nécessaire aussi que « le social » et « le bancaire » trouvent des espaces de négociation. L’association Finances et pédagogie (Caisses d’épargne), la fondation Cetelem (BNP Paribas) ou le Crédit municipal de Paris ont mis en place des séances de formation sur l’éducation financière et bancaire. Il est bon que ce genre d’initiatives se développe, en partenariat avec les CESF – chacun dans sa spécificité. Enfin, il faut encourager la formation continue des travailleurs sociaux. L’accompagnement éducatif budgétaire sera le thème du colloque qu’organise France ESF les 21 et 22 mars, à Paris (2).
(1) Voir ASH n° 2794 du 25-01-13, p. 10.
(2) Informations disponibles sur