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Benoît Hamon mobilise les acteurs de l’ESS sur l’emploi des jeunes

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Dans le cadre de sa campagne de promotion des emplois d’avenir, le ministre délégué en charge de l’économie sociale et solidaire (ESS), Benoît Hamon, a réuni le 29 janvier, à Bercy, les employeurs du secteur afin de leur présenter la politique d’emploi menée par son ministère en direction des jeunes. Outre la signature d’un peu plus de 600 engagements d’embauche en emplois d’avenir, dont 300 au sein du réseau de la fédération des APAJH, le ministre a présenté les résultats d’une enquête menée à sa demande par le Crédoc sur les potentialités d’embauches du secteur (1). Et a officiellement lancé le portail de l’emploi dans l’économie sociale et solidaire.

Des perspectives de recrutement pour les jeunes en emplois d’avenir

Pour mémoire, le dispositif des emplois d’avenir cible les jeunes de 16 à 25 ans (jusqu’à 30 ans pour ceux reconnus travailleurs handicapés) sans emploi, peu ou pas qualifiés et qui connaissent des difficultés particulières d’accès à l’emploi. Il s’agit de jeunes sortis sans diplôme de leur formation initiale ou, à titre dérogatoire, peu qualifiés (CAP ou BEP) ou issus de zones prioritaires et qui ont suivi un premier cycle de l’enseignement supérieur (2).

Selon le Crédoc, près de 114 000 jeunes par an, peu ou pas qualifiés, pourraient bénéficier du dispositif dans l’une des structures du secteur (3). Les employeurs potentiels sont majoritairement ceux du secteur associatif (104 469 recrutements potentiels sur un an), notamment dans le domaine de l’action sociale (58 877 recrutements). En outre, les embauches envisagées se cristallisent autour d’une vingtaine de métiers dont les éducateurs spécialisés (2 799 projets de recrutements durables sur un an), les professionnels de l’animation socioculturelle (4 117 projets de recrutements) ou encore les assistantes maternelles (2 954 projets).

Le Crédoc estime que le dispositif des emplois d’avenir constitue un « levier efficace pour mieux structurer et calibrer l’offre et la demande de main-d’œuvre dans […] l’ESS ». En effet, malgré des besoins importants, le secteur peine à recruter. Or les emplois d’avenir pourraient offrir à ces employeurs :

→ un emploi subventionné permettant de pérenniser financièrement l’embauche alors que le secteur est confronté à des baisses des financements publics ;

→ la possibilité d’évaluer le « savoir être » du jeune – c’est-à-dire « sa capacité à s’intégrer et à travailler en équipe », sa « fiabilité », ses « capacités d’interaction avec le public », son « adhésion aux valeurs associatives »… – essentiel, selon l’organisme, dans ce secteur d’activité mais difficilement mesurable au cours d’un entretien d’embauche.

En outre, le dispositif de validation des acquis de l’expérience, « peu coûteux et compatible avec la durée du contrat et les contraintes financières du secteur, pourrait également être mobilisé de façon plus intensive pour que l’expérience des jeunes dans le cadre des emplois d’avenir donne lieu à l’acquisition d’un diplôme et d’une qualification ».

Un secteur qui se structure

Dans tous les cas, l’ESS est un secteur porteur. Selon Benoît Hamon, « c’est un véritable choc de demande qui se prépare et qu’il faut anticiper : d’ici à dix ans, les moins de 20 ans et les plus de 70 ans représenteront 26 millions de personnes susceptibles d’avoir recours aux services à la personne ». Il est donc essentiel, pour le ministre délégué, de structurer juridiquement le secteur, notamment afin de permettre au gouvernement de stabiliser ses financements publics. Le projet de loi qu’il prépare actuellement (4) pourrait, selon ses services, être présenté en conseil des ministres en juin prochain.

Dans ce cadre, Benoît Hamon a sollicité le conseil économique, social et environnemental (CESE) afin qu’il formule des recommandations sur « les conditions d’une modernisation du modèle coopératif et d’une évolution des droits des travailleurs pour faciliter la reprise d’entreprises par leurs salariés » et sur « les institutions et les acteurs à mobiliser pour l’élaboration et la mise en œuvre d’une politique de développement local de l’ESS ». Le 22 janvier dernier, l’instance a donc adopté un avis sur l’économie sociale et solidaire qui, selon un communiqué du ministère, « marque une étape importante pour la préparation du futur projet de loi » (5). Le CESE y encourage le gouvernement à favoriser la structuration des acteurs territoriaux du secteur – notamment par une meilleure reconnaissance des chambres régionales de l’ESS (CRESS) – et à soutenir le développement du secteur via « la sécurisation de la subvention comme modèle de financement des activités associatives en clarifiant les relations contractuelles entre associations et collectivités » ou encore « la mobilisation de tous les outils financiers solidaires ». Plus polémique, l’instance considère que « ce sont les statuts qui définissent le périmètre de l’ESS, car ils reprennent des valeurs communes – comme la solidarité entre les membres ou l’impartageabilité de la propriété collective –, et spécifiques – comme la non-lucrativité pour les associations, les mutuelles et les fondations, et la lucrativité encadrée et réglementée pour les coopératives ». Le CESE estime donc que l’instauration d’un label – qui fait partie des propositions du ministre – ou d’un dispositif volontaire de reconnaissance « ne présente pas de réel intérêt ». Or, selon des acteurs du secteur, un tel postulat pourrait entraîner l’exclusion de certaines entreprises, comme celles constituées sous forme de sociétés par actions simplifiées.

Enfin, selon les services du ministère, une mission a été confiée aux inspections générales des finances et des affaires sociales sur la fiscalité du secteur non lucratif. Ses conclusions, qui pourraient être intégrées dans le projet de loi de finances pour 2014, sont attendues pour la fin 2013.

Lancement du portail de l’emploi

Le ministre a aussi profité de la réunion des acteurs du secteur pour présenter un nouveau portail de l’emploi dans l’ESS : www.emploi-ess.fr. Le site, réalisé par l’Usgeres (Union de syndicats et groupements d’employeurs représentatifs dans l’économie sociale) en partenariat avec Chorum, le Crédit coopératif, Pôle emploi et le ministère de l’Economie et des Finances, a pour objectifs, selon un communiqué de la fédération, « de valoriser le secteur et de communiquer sur ses spécificités, ses métiers, ses formations et l’actualité emploi », de « mettre en relation chercheurs d’emploi et recruteurs, via notamment des offres d’emploi en ligne et une CVthèque », de « favoriser la mobilité interbranches des salariés » et d’« asseoir la visibilité de l’économie sociale et solidaire ». Le portail permet d’obtenir des informations sur les dispositifs d’emploi en faveur des jeunes et propose une présentation des métiers clés et des principaux employeurs de l’ESS.

Notes

(1) Etude des besoins en main-d’œuvre dans le secteur de l’économie sociale et solidaire – Janvier 2013 – Disp. sur www.credoc.fr.

(2) Voir en dernier lieu ASH n° 2783 du 16-11-12, p. 36.

(3) Le Crédoc estime notamment à 600 000 le nombre des départs en retraite potentiels d’ici à 2020, soit 1/4 des effectifs du secteur de l’ESS.

(4) Sur les grands axes de cette future loi, voir ASH n° 2768 du 13-07-12, p. 6.

(5) Entreprendre autrement : l’économie sociale et solidaire – Janvier 2013 – Disp. sur www.lecese.fr.

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