Education, accompagnement social, santé, justice… : certains jeunes mettent toutes les prises en charge en échec. Ces « adolescents dits difficiles ont une troublante capacité à renvoyer les adultes à leurs limites et à susciter un sentiment d’impuissance face à leurs débordements », soulignent Eliane Bouyssière-Catusse, qui a été notamment responsable de la mise en place des centres éducatifs renforcés, et Jean-Philippe Raynaud, professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, coordonnateurs de cet ouvrage collectif. La notion de « collectif » est précisément au cœur de la réflexion. Rompant avec la logique de la « patate chaude », de nombreux professionnels cherchent à établir des passerelles entre eux pour aider les jeunes à franchir leurs difficultés. C’est, par exemple, l’ambition de Pascale Giravalli et de Cécile Thomas, psychiatre et psychologue à l’établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) de Marseille. Mais, concrètement, dépasser les présupposés de corps de métier différents n’a rien d’évident. « Le soin psychique est souvent vécu par nos partenaires professionnels comme secondaire » – voire inutile –, soulignent les cliniciennes, conscientes d’être elles-mêmes fréquemment perçues comme trop crédules et manipulables, du fait de la confiance qu’elles ont dans les capacités d’évolution des adolescents. Dans un tout autre cadre, celui du milieu ouvert, et à l’échelle d’un département, le Réseau adolescence et partenariat de la Haute-Garonne (Rap 31) et RésAdo82 dans le Tarn-et-Garonne montrent la fécondité de démarches de concertation pluriprofessionnelle pour comprendre la logique de parcours chaotiques et mettre un terme à ces trajectoires désastreuses.
Adolescents difficiles : penser et construire des partenariats
Sous la direction d’Eliane Bouyssière-Catusse et Jean-Philippe Raynaud – Ed. érès – 23 €