Tantôt mélancolique, tantôt enjoué, le film d’animation La tête en l’air (1) met en scène l’histoire d’Emilio, ancien directeur de banque qui, alors que les premiers signes de la maladie d’Alzheimer apparaissent, est placé en maison de retraite par son fils. Il partage sa chambre avec Miguel, filou sympathique, encore en bonne santé. Les deux résidents deviennent amis et vivent des aventures à l’échelle de l’établissement et à l’allure que leur permet leur grand âge. « Ici, quand rien ne se passe, il faut le provoquer », clame Miguel, bien décidé à ne pas faire rimer vieillesse avec ennui. Les deux compères s’immiscent dans les moindres recoins de leur étage, participent à toutes les animations, mais ne se hasardent jamais au deuxième, ce « lieu de damnation » où finissent les malades Alzheimer à un stade avancé. Au fur et à mesure que la mémoire d’Emilio défaille, l’épée de Damoclès se rapproche. Devra-t-il quitter Miguel pour l’étage « des causes perdues » ? Son compagnon ne l’admettant pas, il décide d’organiser une fugue. Dans cet épisode tragi-comique, rien ne se passera comme prévu et le retour à la maison de retraite ne tardera pas. L’amitié perdurera néanmoins au-delà de l’oubli et de la dépendance. Ma famille, mes amis, mes oublis est d’ailleurs le sous-titre de ce long métrage espagnol d’Ignacio Ferreras, adapté de la bande dessinée Rides de Paco Roca (2). Le dessin se prête à la description des sensations indicibles d’Emilio, des flash-backs sur sa vie, des délires des résidents. Ignacio Ferreras n’a pas souhaité faire passer de message particulier à travers cette histoire, il propose simplement, dit-il, « une réflexion sur la dépendance, sur une maladie qui progressivement fait perdre tout ce que l’on a pu accumuler dans une vie, la mémoire, la personnalité. »
La tête en l’air
Ignacio Ferreras – 1 h 29 – En salles le 30 janvier
(1) Meilleur film d’animation et meilleur scénario adapté aux Goya 2012.
(2) Voir ASH Magazine n° 21 du 8-06-07, p. 48 – Pour la sortie du film, les éditions Delcourt rééditent l’ouvrage sous le titre La tête en l’air.