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A l’école de l’exil

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Le livre se présente comme un cahier d’écolier. Quinze pages, d’une écriture régulière, en farsi. Jointe en annexe, une traduction permet de comprendre qu’il s’agit du récit d’une odyssée contemporaine : le voyage chao­tique de Jawad, jeune migrant afghan, de Kaboul à Paris, à travers l’Iran, la Turquie, la Grèce. Quelques pages plus loin, sont reproduits des extraits du cahier de vocabulaire d’un autre migrant, Mansour. A travers le lexique, on voit qu’il apprend à traduire des termes particulièrement utiles pour lui, comme « dangereux », « Je cherche un travail » ou « Merci beaucoup pour votre aide ». Entre ces lignes écrites à la main, les photos de Mathieu Pernot prennent toute leur force. Une image d’une revue associative se trouve à l’origine du travail de ce photographe, celle de quatre corps allongés à même le sol dans une forêt du nord de la France. « La légende indiquait qu’il s’agissait d’Afghans, probablement épuisés, qui se reposaient à l’abri des regards indiscrets. C’était une image violente, une photographie de guerre. Les corps paraissaient morts et leur façon d’occuper l’espace semblait annoncer la figure tragique du charnier », dit-il. Alors, en 2009, Mathieu Pernot décide d’aller chercher dans la « jungle » de Calais ces migrants qui séjournent dans l’attente d’un possible passage en Angleterre. Les migrants ne présentent que quelques photos de cette incursion : des images de forêt dense, avec seulement des traces de cabanes ou des sacs plastique laissant imaginer un passage. Ensuite, près du square Villemin, à Paris, l’auteur a réalisé une série de clichés de migrants afghans en train de dormir, emmitouflés sous des couvertures au lever du jour, avant que les policiers ne les évacuent. Là, comme sur l’image qui a déclenché son projet, on imagine plus facilement des cadavres que des corps assoupis, et cela glace le sang. Pourtant, selon l’artiste, « ces images violentes montrent des moments d’apaisement », le sommeil étant le dernier moment d’évasion pour ces jeunes au parcours chaotique.

C’est en 2012, enfin, qu’il a rencontré Jawad et Mansour, demandeurs d’asile, à qui il a confié les cahiers d’écoliers qui servent de trame à son ouvrage.

Les migrants

Mathieu Pernot – Ed.GwinZegal – 15,50 €

Culture

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