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Chantal Goyau, présidente du GRIF : « Faire bouger les lignes »

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Le 27 novembre dernier, le Groupement de recherche d’Ile-de-France (GRIF) a lancé un programme de recherche sur l’appropriation des référentiels et ses conséquences sur la professionnalisation des travailleurs sociaux, comme l’explique sa présidente, Chantal Goyau, aussi directrice générale de l’ETSUP, à Paris.
Pourquoi une telle recherche ?

En transformant les terrains de stage en « sites qualifiants », la réforme des diplômes du travail social a modifié la place des acteurs. Les professionnels des sites et les formateurs ont été amenés à coconstruire le dispositif de formation et de certifi cation. On constate cependant des pra tiques hétérogènes, selon les sites et selon les centres de formation. Il nous faut donc voir quels sont les facteurs de tension. Par ailleurs, il faut se demander quels sont les effets des référentiels de compétences sur la socialisation professionnelle des nouveaux travailleurs sociaux. Ces référentiels sont vécus par ceux qui se les approprient comme des outils susceptibles de donner du cadrage dans le processus de l’alternance où ils peuvent apporter des éléments de soutien. En même temps, le problème de leur adaptation, face à un contexte qui évolue extrêmement rapidement, se pose. Au risque sinon d’un enfermement qui pourrait conduire à étouffer l’innovation et la créativité.

Est-ce ce que vous constatez sur le terrain ?

Les remontées sont très variables d’un lieu à l’autre, quand ce n’est pas d’un groupe à l’autre. Il existe une défiance par rapport à une approche trop restrictive, voire utilitaire, des référentiels. Certains craignent par exemple que l’accent mis sur le travail collectif ou sur la coordination se fasse au détriment de la prise en compte de l’individu et que cette dimension soit finalement laissée aux bénévoles. Mais depuis quatre ans que je dirige l’Ecole supérieure de travail social [ETSUP], je n’ai pas le sentiment d’une opposition franche à cette réforme.

Pourtant, on remarque une faible appropriation des référentiels par les professionnels…

C’est une réalité qui nous préoccupe. Cela voudrait dire qu’il y a une rupture entre l’espace des praticiens et celui des formateurs. Alors que le travail conduit par les écoles auprès des étudiants ou des formateurs "terrain » vise à la distanciation, il ne faudrait pas que cela se fasse au prix d’un décrochage. On constate aussi une méconnaissance du secteur de la formation de la part des représentants des collectivités territoriales. D’où le risque d’un rapport de domination où les employeurs dicteraient leurs attentes. En fait, tout se passe comme si les acteu évoluaient chacun avec des préoccupations qui ont du lien entre elles, mais qui ne parviennent pas à se rencontrer. L’intérêt d’une telle situation est qu’elle nous oblige à travailler ensemble pour rechercher des marges de manoeuvre. On ne peut plus faire autrement.

Que peut proposer une recherche dans un tel contexte : des solutions ?

Un pôle de recherche et de formation comme le GRIF représente avant tout un espace de travail et de débats qui ne doit pas nécessairement déboucher sur des solutions. Ce serait une vision morbide de la recherche. Il s’agira d’organiser des temps de séminaire entre chercheurs, formateurs, employeurs et praticiens tout au long de l’année 2013 afin d’affiner les observations. En même temps, on ne peut pas imaginer que ce travail n’ait aucune retombée, ne serait-ce qu’en termes de prise de conscience pouvant conduire à des transformations. Un des objets du GRIF est de faire bouger les lignes. Comment rapprocher les espaces des différents acteurs ? Comment créer des espaces intermédiaires qui vont permettre la rencontre et déboucher sur de la créativité ? Les politiques sont demandeurs de ces constructions.

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