Le quotidien de JC, Iqbal, Guy, Simon et Marius à Ceuta n’a rien d’exceptionnel – quête de petits boulots, coups de fil, longues discussions, siestes –, mais le parcours qui les a menés là est extraordinaire et ce qui les attend, particulièrement angoissant. Ces hommes d’origines somalienne, camerounaise, gabonaise et indienne sont résidents du Centro de Estencia Temporal de Inmigrantes (CETI), centre d’accueil temporaire de cette enclave espagnole située au nord du Maroc. Partagés entre l’espoir d’un « laissez-passer » vers l’Europe continentale et la crainte d’être expulsés vers leur pays, ces clandestins passent leurs journées à attendre. Souvent, ils appellent leurs proches, et les épatent avec l’indicatif 0034, signe de la réussite. Pourtant, eux le savent, ils sont loin d’avoir achevé leur parcours. « Ceuta, ce n’est pas l’Europe qu’on rêvait », admet Simon. Mais tous sont persuadés que « toute réussite passe par la souffrance ». Alors, entre « prisonniers », ils se serrent les coudes. Mais l’attente les tenaille – « Ici, on ne connaît pas son sort. » Certains, comme Marius, ne tiennent pas en place : quelques mois auparavant, il est monté avec six autres migrants sur un bateau gonflable pour atteindre l’autre côté de la mer. Après dix heures de navigation périlleuse, ils ont été arrêtés – ou plutôt sauvés – par la police maritime. Ils restent à la porte de cette Europe fantasmée. « Il y a de quoi devenir fou », soupire-t-il. Le film Ceuta, douce prison, sans commentaire ni voix off, sans interview, nous plonge en immersion dans ces vies coincées entre deux continents.
Ceuta, douce prison
Jonathan Millet et Loïc H.Rechi – 1 h 30 – Le 27 janvier à Cran (74) et à Paris ; le 31 janvier à Rouen ; du 5 au 13 février à Paris (Festival international du film des droits de l’Homme) ; le 14 mars à Tulle (19) – Infos :