Les orientations de la politique pénitentiaire, précisées par la garde des Sceaux le 8 janvier (1), pèchent « cruellement par l’absence de dispositions destinées à mettre un terme à la surpopulation carcérale », réagissent le Syndicat de la magistrature, le Syndicat des avocats de France et l’Observatoire international des prisons (OIP). Si la conférence de consensus des 14 et 15 février prochain doit se pencher sur le choix de la peine et sur son exécution, et malgré la volonté ministérielle de développer les alternatives à l’incarcération, les organisations réclament des mesures « immédiates et concrètes », telles que la suppression des dispositions systématisant l’emprisonnement, comme les peines planchers, et l’instauration d’un numerus clausus : « seule une véritable politique réductionniste permettrait de mettre un terme à la surpopulation et de garantir enfin le respect du principe de l’encellulement individuel. »
Même inquiétude au Syndicat national de l’ensemble des personnels de l’administration pénitentiaire (Snepap)-FSU, selon lequel Christiane Taubira semble oublier, dans ses interventions sur la gestion des établissements, que « les trois quarts des personnes prises en charge par l’administration pénitentiaire le sont en milieu ouvert ». Il craint que la constitution d’un « conseil national de l’exécution des peines » n’entraîne le report des décisions concrètes après la conférence de consensus. Le syndicat souhaite, en outre, prendre part à la réflexion sur le remplacement du « diagnostic à visée criminologique », méthode d’évaluation en vue de déterminer la prise en charge du condamné très contestée par les professionnels et à laquelle la ministre entend mettre fin. La CGT pénitentiaire appelle également, de son côté, à une politique mieux affirmée. Les moyens budgétaires pour 2013 ne permettent pas de « mettre réellement en place une politique et des missions publiques ambitieuses », estime-t-elle.
(1) Voir ASH n° 2791-2792 du 11-01-13, p. 7.