L’université de Lorraine est l’une des rares à avoir fait le choix, avant la loi du 11 février 2005, de confier l’accueil et l’accompagnement des étudiants en situation de handicap à un prestataire extérieur. Elle a favorisé le regroupement de six associations au sein du service d’intégration scolaire et universitaire (SISU) en 2001 (1), qui s’est donné pour objectif d’accompagner les étudiants quels que soient leur handicap et leur type d’études. Il intervient donc non seulement pour l’université, mais aussi pour des formations dépendant du ministère de l’Education nationale, de l’Agriculture ou de la Culture (classes préparatoires, BTS, école d’architecture…). Son équipe réunit une directrice, un médecin et un infirmier ainsi que plusieurs prestataires (ergothérapeute, psychologue, etc.).
Dotée d’un budget annuel de 500 000 €, la structure est financée par les établissements de l’enseignement supérieur, l’Agefiph, dans le cadre des APEEH (actions pour l’emploi des étudiants handicapés), ainsi que par des subventions de la région, de plusieurs communes, des entreprises et les cotisations de ses membres. Elle suit actuellement 150 étudiants, tous handicaps confondus. Trois types de service leur sont proposés : l’accompagnement pédagogique (aide à la prise de notes, transcription en braille de documents, traduction en LSF ou LPC), l’aide au projet professionnel (réorientation si nécessaire, appui à la recherche de stages, préparation à l’insertion professionnelle) et enfin le service d’accompagnement médico-social pour adultes handicapés (Samsah), accessible après notification de la maison départementale des personnes handicapées.
La vocation de ce service unique en France ? Accompagner sur le campus les étudiants handicapés dans tous leurs actes de la vie quotidienne qui ne relèvent pas de l’aspect purement pédagogique : par exemple, une aide pour s’alimenter pendant la pause déjeuner, l’accompagnement aux toilettes, une surveillance de la respiration par une infirmière, etc. Il peut également s’agir, pour les jeunes sourds, d’une rééducation linguistique. « Des orthophonistes et des enseignants spécialisés viennent sur le campus pour entraîner un étudiant à un exposé oral, explique Christelle Landfried, directrice du SISU. Ces derniers peuvent aussi faire de la médiation vis-à-vis des enseignants, et expliquer que si l’étudiant décroche au bout d’une heure de cours, c’est parce qu’il entend mal. »
Auprès des jeunes présentant un handicap visuel, le Samsah propose une aide à la locomotion. « En un an, on peut travailler des trajets avec l’étudiant pour l’amener progressivement vers l’autonomie, indique Christelle Landfried. La philosophie de notre service est de faire tout ce qu’il faut, mais pas plus qu’il ne faut. Généralement, plus le niveau d’études monte et moins l’accompagnement est nécessaire. »
Le budget annuel du Samsah, qui suit 30 étudiants dont 20 souffrant d’un handicap moteur, s’élève à 60 000 €. Il est financé par une dotation globale de l’agence régionale de santé et par la prestation de compensation du handicap versée par le conseil général de Meurthe-et-Moselle – ce qui limite son action à ce seul département.
Le bilan global du SISU se révèle plutôt positif. Le taux de réussite, tous niveaux confondus, des étudiants s’élève à 58%. Reste à relever de nouveaux défis. « Il s’agit désormais d’être efficace pour compenser tous les types de handicap, en particulier les troubles du langage ou le syndrome d’Asperger [2] face auxquels nous sommes parfois démunis, précise Christelle Landfried. Nous devons améliorer la formation des personnels pour ces accompagnements atypiques. »
(1) SISU : Tél. 03 83 56 73 75 ou 03 83 51 85 95 –
(2) Forme d’autisme qui se caractérise par de grandes difficultés à communiquer, des intérêts restreints et des comportements répétés.