A moins de trois semaines de la présentation du plan quinquennal de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, la FNARS (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale) a interpellé, dans des courriers qu’elle leur a adressés le 2 janvier, le Premier ministre et quatre de ses ministres. Son objectif : corriger les premières annonces faites à l’issue de la conférence du 11 décembre (1). Malgré des avancées, celles-ci « ne permettent pas d’engager les réformes structurelles à la hauteur de la crise, notamment sur l’accès au logement, sur l’hébergement en lien avec la politique d’accueil des réfugiés et migrants et sur l’insertion des jeunes », écrit son président, Louis Gallois.
Parmi les mesures urgentes demandées : « Décréter un moratoire sur les expulsions locatives pour les locataires de bonne foi en renforçant leur accompagnement social et l’arrêt effectif de tout démantèlement de campement sans solution de relogement. » La FNARS souhaite que l’Etat réaffirme la priorité accordée au « logement d’abord » et mette en place un « plan ambitieux » qui s’appuie sur des diagnostics territoriaux recensant toutes les situations de mal-logement. Un effort qui doit se traduire sur le long terme par « une loi de programmation quinquennale permettant de mesurer la réalité de l’engagement de l’Etat en faveur du droit au logement des plus exclus ».
Alors que « 23 % des jeunes entre 18 et 25 ans vivent sous le seuil de pauvreté contre 14 % de l’ensemble de la population », la fédération considère que la « garantie jeunes » proposée pour 100 000 bénéficiaires n’est qu’une première étape. Elle réclame un « droit à l’éducation/formation tout au long de la vie », assorti de ressources financières pour les jeunes en difficulté, notamment via l’accès au RSA « de droit commun ».
Un renforcement des politiques de formation, et en particulier la réorientation des crédits de la formation professionnelle, dont 13 % seulement sont destinés aux demandeurs d’emploi, pourrait prévenir les situations d’exclusion et réduire les inégalités, ajoute-t-elle. Alors qu’un rapport des inspections générales des affaires sociales et des finances est attendu sur la réforme des modalités de financement de l’insertion par l’activité économique, la FNARS insiste sur la nécessité de lever les freins financiers et réglementaires aux missions et au développement des structures.
Côté santé, elle demande la fusion de l’aide médicale de l’Etat avec la couverture maladie universelle et la création, au sein des agences régionales de santé, d’« une commission régionale de coordination des politiques socio-sanitaires, dans laquelle doivent siéger les associations du secteur social ». Enfin, la fédération souhaite que soit garanti « un accueil digne inconditionnel » aux migrants en détresse sociale, en améliorant leur accompagnement social et juridique.