Nous avons engagé une réflexion sur la participation des personnes accueillies depuis 2000. A cette époque, nous avons installé un groupe d’appui national dédié à la participation. Composé à 75 % de personnes accueillies – contre 50 % à l’origine – et de professionnels, il alimente, par ses réflexions et ses propositions, la réflexion du conseil d’administration de la fédération. En créant, en juin 2011, au sein de ce dernier, un collège de deux « personnes accueillies », nous allons encore plus loin en ouvrant nos instances de gouvernance. A travers la mobilisation de l’expertise des usagers, il s’agit, pour la FNARS, non seulement d’améliorer ses prestations et ses dispositifs, mais aussi d’être une tête de pont auprès des établissements et associations de son réseau pour qu’ils intègrent cette dynamique de participation.
Je le crois. J’ai participé, pour la FNARS, au groupe de travail sur l’accès aux droits piloté par Bertrand Fragonard. Sur les 20 personnes, trois représentaient le collège des personnes en situation de pauvreté du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Dès la troisième séance, elles se sont senties suffisamment à l’aise et ont donné leur opinion. Elles avaient d’ailleurs des divergences sur l’intérêt, dans le cadre du RSA activité, de verser un supplément financier lors de la reprise d’un emploi. A côté des arguments souvent technocratiques des cadres administratifs et des hauts fonctionnaires, la parole des usagers est très précieuse.
Nous approuvons totalement cette orientation. Les instances d’élaboration et d’évaluation des politiques publiques locales doivent s’ouvrir aux personnes en situation de pauvreté. Cependant, la participation ne se décrète pas. Elle se construit pas à pas. Il faut tout d’abord être assez souple dans les modalités d’accès aux instances des personnes en difficulté : celles-ci doivent être volontaires et prêtes à donner de leur temps. Il y a aussi des prérequis indispensables : les personnes doivent être en capacité de débattre et de s’exprimer. En retour, il faut les accompagner pour qu’elles se mobilisent et aient envie de continuer à s’impliquer. Et cela demande beaucoup d’investissement de la part des salariés et des travailleurs sociaux.
Ils sont surtout formés à l’accompagnement individuel et insuffisamment à l’accompagnement de collectifs d’usagers en vue de construire une parole collective. Cela exige, en effet, un savoir faire très subtil pour éviter tout risque d’instrumentalisation. L’exercice est d’autant plus difficile que la relation travailleur social-usager est inégalitaire. C’est aussi très chronophage.
S’il se met en place, c’est une révolution majeure des modes de gouvernance des politiques sociales. Mais cela suppose effectivement des changements de comportements. Les préfets et les collectivités locales vont devoir réviser en profondeur leurs manières de travailler. Il faudra aussi dégager des financements pour que les associations puissent assurer l’accompagnement. Aujourd’hui, les expériences de participation sont menées à titre expérimental et avec des queues de cerise. A la FNARS, par exemple, on puise dans notre budget général de fonctionnement. Or il faut notamment pouvoir payer les frais de déplacement des personnes.
(1) Comme il l’a annoncé lors de la conférence nationale de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale – Voir ASH n° 2787 du 14-12-12, p. 5.
(2) La FNARS a également mis en place sept conseils consultatifs régionaux des personnes accueillies.