A la mort de son épouse, Albert Vilgrain, inspecteur d’académie retraité, se retrouve seul dans la maison de campagne de l’Avesnois que le couple avait aménagée à grands frais pour ses vieux jours, affectueusement baptisée la Ruinette. Bien décidé à ne pas faire de la maison un sanctuaire, il s’y organise un quotidien bien rempli, entre voyages, lectures et conférences aux quatre coins du pays, jusqu’à ce qu’une attaque l’envoie à l’hôpital. Jusqu’alors « cadre de ses ambitions », la Ruinette devient « la limite de ses déambulations ». Pour les fils d’Albert, la suite est toute tracée : direction la « maison de retrait ». Mais le doyen résiste, et une nouvelle vie s’organise, grâce aux solidarités villageoises et aux aides à domicile, à un petit-fils complice insufflant dans la maison de véritables bouffées d’air frais. Quand une nouvelle attaque le laisse hémiplégique, le vieil homme continue de se battre pour finir ses jours chez lui. Volumineux roman du terroir, la Ruinette est surtout un hommage vibrant au secteur de l’aide à domicile, menacé par des financements incertains, ainsi qu’au professionnalisme et au dévouement de ses intervenants, luttant contre les « cadences infernales » pour préserver la qualité des relations humaines. C’est aussi l’histoire jamais misérabiliste d’un homme, qu’on devine inspirée par le grand-père de l’auteur, farouchement décidé à conserver jusqu’au bout son autonomie, son libre arbitre et la plénitude de sa dignité.
La Ruinette
Philippe Tabary – Ed. Le Cherche midi – 18 €