Malgré la réforme de 2010, « le système de retraite ne sera pas à l’équilibre à moyen terme [2018], contrairement à ce qu’avait annoncé le gouvernement précédent », a souligné, dans un communiqué du 19 décembre, la ministre des Affaires sociales après avoir pris connaissance du dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) rendu public le même jour. Un document qui dresse des perspectives financières jusqu’à l’horizon 2060 à partir de trois principaux scénarios économiques (1).
Selon le COR, en effet, en raison du « contexte économique dégradé », le besoin de financement du système de retraite – fonds de solidarité vieillesse inclus – devrait passer de 14 milliards en 2011 à 21,3 milliards en 2017, ce qui représente respectivement 0,7 et 1 point de PIB (produit intérieur brut). D’après les scénarios macroéconomiques les moins favorables étudiés par le conseil, ce besoin de financement pourrait même se creuser jusqu’en 2020, pour atteindre jusqu’à 24,9 milliards (1,1 point de PIB). Et, en 2060, le solde financier du système de retraite pourrait représenter de - 105 milliards d’euros, dans l’hypothèse la plus pessimiste, à + 93 milliards d’euros, dans l’hypothèse la plus favorable, soit de - 2,9 à + 1,7 points de PIB.
Pour revenir à l’équilibre en 2020, il faudrait, selon l’instance :
→ soit augmenter le taux de prélèvement global de 1,1 %, ce qui le porterait à 31,2 % ;
→ soit diminuer le rapport entre la pension moyenne nette et le revenu moyen net d’activité de 5 % ;
→ soit reporter l’âge légal de départ à la retraite d’environ neuf mois supplémentaires, ce qui représente un décalage au total d’environ un an et neuf mois par rapport à 2011. Rappelons que, conformément à la réforme de 2010, cet âge doit progressivement passer de 60 à 62 ans d’ici à 2017 (2) ;
En 2040 et 2060, le retour à l’équilibre serait conditionné à :
→ soit une hausse du taux de prélèvement global de respectivement 5 et 6,2 points, ce qui le porterait à 34,4 % ;
→ soit une baisse du rapport entre la pension moyenne nette et le revenu moyen net d’activité de respectivement 20 et 25,3 % par rapport à 2011 ;
→ soit une hausse de l’âge légal de départ à la retraite d’un peu plus de quatre ans en 2040 et d’un peu plus de cinq ans en 2060 (soit un décalage total d’environ six ou sept ans par rapport à 2011).
Prochaine étape : le 22 janvier, date à laquelle le Conseil d’orientation des retraites doit rendre un autre rapport dépeignant un état des lieux plus général du système de retraite français. Ses conclusions permettront aussi de souligner les « enjeux d’équité qui sont, avec l’objectif d’équilibre financier, au cœur des préoccupations du gouvernement », a indiqué Marisol Touraine. Conformément aux engagements pris lors de la conférence sociale de juillet dernier (3), la ministre a rappelé qu’une « commission pour l’avenir des retraites » formulera des pistes de réforme des retraites à moyen et long terme sur la base des travaux du COR. Et qu’une concertation serait lancée « à partir du printemps 2013 » avec les partenaires sociaux pour déterminer les « évolutions souhaitables » du système des retraites.
(1) Retraites : perspectives 2020, 2040 et 2060 – Disponible sur