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Manuel de survie dans la « jungle »

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Pendant deux ans, Marion Osmont s’est rendue deux fois par mois à Calais, passant l’essentiel de son temps dans les squats partagés par des Erythréens, des Ethiopiens et des Soudanais. Après l’évacuation de la « jungle », elle est partie en Ethiopie et au Soudan rencontrer des gens qui rêvent d’Europe. A son retour, elle a proposé à Ammanuel – qui vit en centre d’accueil pour demandeurs d’asile – et à Haroon – toujours en squat et en attente de l’examen de son dossier par la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) – de travailler avec elle pour raconter leur parcours, d’Addis-Abeba à Calais, et leur quotidien dans la ville du Nord. L’ouvrage qu’elle en a tiré, Des hommes vivent ici, se structure en trois parties. D’abord, la retranscription de l’entretien avec Ammanuel, parti à 16 ans de chez lui avec un tout petit sac. S’il avait su quels dangers l’attendaient avant d’atteindre l’Europe, il ne serait certainement pas venu, confie-t-il. De sa vie à Calais, il dit seulement qu’il y « fait froid » et que « la police est partout. Il faut courir tous les jours, toutes les nuits ». Puis la suite du livre restitue le quotidien de Haroon via un portfolio. Arrivé tant bien que mal à Calais en 2009, il réussit, au bout de deux mois de tentatives, à rejoindre l’Angleterre. Mais les Anglais l’expulsent vers la France et il retourne à Calais. Les photos le montrent dormant au milieu d’un amas de sacs plastique – toutes ses possessions… « Marcher, tourner dans la ville, aller à la distrib’, faire la sieste au parc. Attendre. » Haroon est las de vivre à Calais, fatigué de ne pas pouvoir travailler, usé d’attendre une convocation de la CNDA. Sur les clichés, la photographe a su capter avec talent des moments aussi banals que couper du bois, faire du feu, aller chercher de l’eau pour le thé, faire sécher ses chaussettes aux branches d’un arbre. Enfin, l’ouvrage se ferme sur une invitation à une réflexion sur le droit d’asile, avec le témoignage de Sylvie Copyans, secrétaire de l’association Salam, qui raconte la pression judiciaire exercée sur ses bénévoles ; ou celui de Mathieu Quinette, coordinateur de la mission « Migrants Nord littoral » de Médecins du monde, qui confirme le harcèlement policier, la difficulté à mettre en place des programmes de santé en l’absence d’une volonté des pouvoirs publics, et propose des perspectives en termes d’hébergement et de prise en charge sanitaire.

Des hommes vivent ici

Marion Osmont – Ed. Images plurielles – 25 € (publié avec le soutien de Médecins du monde et d’Amnesty International)

Culture

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