Chaque année, 5,7 milliards d’euros de RSA non perçus, par celles et ceux qui pourraient y prétendre ; 4,7milliards de prestations familiales et de logement non versées, annuellement, aux allocataires à qui elles sont dues ; environ 2 milliards d’indemnités par mois non attribuées à des chômeurs qui ne se sont pas inscrits à Pôle emploi… Plus éloquents que de longs discours, ces quelques chiffres donnent une idée de l’ampleur du non-recours aux droits sociaux – à rapporter aux 4milliards estimés d’escroquerie aux prestations. « On est donc très loin de la figure de l’assisté fraudeur ou sur-recourant », souligne le sociologue Pierre Mazet, l’un des contributeurs de l’Observatoire des non-recours aux droits et services (Odenore), à l’origine de cet ouvrage. Les chercheurs de l’Odenore ne se contentent pas de dénoncer : ils expliquent et proposent. De fait, l’analyse des mécanismes aboutissant à ce que des droits n’atteignent pas leur cible vaut pistes d’action pour y remédier. C’est parfois plus facile à dire qu’à faire. Ainsi, à court terme, la multiplication du nombre de recours au droit au logement opposable (DALO) ne démultipliera pas l’offre de toits – même si l’impact d’une mobilisation massive du DALO peut contribuer à de salutaires prises de conscience. Précisément, c’est à un complet changement de perspective qu’appelle l’Odenore : alors que la réduction de la dépense publique est le point de mire des politiques économiques d’obédience libérale, les auteurs mettent en avant « le retour positif sur investissement » de l’argent que la collectivité dédie à la solidarité.
L’envers de la « fraude sociale ». Le scandale du non-recours aux droits sociaux
Odenore – Ed. La Découverte – 15 €