Les piliers qui ont présidé à leur création, il y a 30 ans, après le rapport de Bertrand Schwartz, en particulier la dimension globale de l’accompagnement et l’approche territoriale de l’action, sont plus que jamais pertinents alors que nous entrons dans une phase de réflexion sur une nouvelle étape de la décentralisation. Structures décentralisées sous statut associatif, présidées par des élus locaux, les missions locales fédèrent un ensemble de compétences, d’acteurs, de décideurs qui agissent en faveur des jeunes. Cette spécificité et leur place au sein du service public de l’emploi est reconnue : aujourd’hui, les structures peuvent être prescriptrices des contrats.
La multiplication des dispositifs, au détriment de l’accès au droit commun des jeunes en difficulté, constitue néanmoins une inquiétude. On peut parfois se demander si nous n’avons pas développé une culture de l’assistanat, non pas des jeunes mais des entreprises, qui n’ont plus qu’à piocher entre les différentes mesures incitatives. La juxtaposition des dispositifs, qui se cannibalisent les uns les autres, pose en outre la question du sens du travail des missions locales. On ne peut pas définir leur action selon un profilage des jeunes à faire entrer dans des cases ! Ce sujet est au cœur de nos échanges avec nos financeurs – en premier lieu l’Etat. Le réseau reste attaché au principe du financement global et, sur ce point, nous sommes satisfaits des annonces sur les crédits supplémentaires dévolus à la mise en œuvre des emplois d’avenir.
S’ils ne sont pas vraiment à la hauteur des besoins, les crédits sont reconduits à l’identique pour 2013. Il faudra y ajouter les 30 millions d’euros pour les emplois d’avenir. J’espère, par ailleurs, que les partenaires sociaux vont reconduire, dans le cadre du fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels, l’abondement de 30 millions d’euros qu’ils ont accordé l’an dernier pour l’accompagnement des jeunes « décrocheurs ».
Le dispositif n’en est qu’à ses débuts. Rappelons qu’il devait initialement n’être applicable qu’en janvier 2013 ! Il est vrai néanmoins que sa mise en œuvre est complexe et qu’il va falloir du temps : en premier lieu, pour identifier les employeurs, leur expliquer la mesure, puis pour qu’ils organisent le tutorat et la formation du jeune embauché. Bref, il ne s’agit pas de prescrire une simple mesure mais de mettre en place toute une ingénierie.
Le Premier ministre a confirmé, lors des rencontres, que les missions locales mettront en œuvre ce contrat d’insertion dans la vie sociale (CIVIS) renforcé, expérimenté à partir de septembre prochain, et qui sera assorti d’une garantie de ressources équivalente au RSA socle. Cette forme d’ouverture du RSA aux moins de 26 ans est positive. Elle implique un effort financier important pour la seule allocation, sachant que celle du CIVIS ne représentait qu’un montant de 50 millions d’euros au total…
Nous souhaitons la sanctuarisation des crédits des missions locales et leur renforcement au regard de leurs nouvelles actions. Si nous nous engageons pour la réussite des politiques publiques en faveur de l’emploi des jeunes, nous demandons une stabilisation des dispositifs et nous souhaitons être associés aux réflexions sur le nouvel acte de la décentralisation. Nous proposons, par ailleurs, la création d’une délégation interministérielle à l’insertion des jeunes, afin de tenir compte de toutes les dimensions de l’insertion sociale et professionnelle de ces publics.
(1) Organisée par l’UNML (Union nationale des missions locales) et le CNML (Conseil national des missions locales).
(2) Député PS d’Indre-et-Loire, il est vice-président de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale.