L’illettrisme, Grande cause nationale 2013 ? C’est en tout cas ce qu’a demandé Marie-Thérèse Geffroy, présidente de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI), appuyée par une soixantaine d’organisations, le 18 décembre lors de la conférence de presse où était rendue publique une enquête de l’INSEE (Institut national de la statistique et des étude économiques) mesurant les compétences des adultes de France métropolitaine à l’écrit, à l’oral et en calcul (1). Selon l’institut, 7 % des adultes peuvent être considérés comme étant “illettrés” (2). Lors de la précédente enquête sur ce thème, en 2004, ce chiffre atteignait 9 %. Cette baisse serait due à un « effet génération » : elle s’explique en effet par l’exclusion du champ de l’enquête 2011 de la génération née avant 1946 (dont un bon nombre de personnes n’a pas eu accès à l’enseignement secondaire) et par la prise en compte des jeunes nés après 1986, dont le taux d’illettrisme est relativement plus faible. Pour l’ANLCI, ces résultats encourageants sont aussi à mettre au compte d’une plus forte mobilisation dans ce domaine, avec « 60 000 à 100 000 personnes qui bénéficient d’une formation chaque année ».
L’enquête INSEE détaille : 16 % des personnes de 18 à 65 ans éprouvent des difficultés à l’écrit. Pour 11 %, ces difficultés sont « graves ou fortes ». Il existe, en outre, une différence marquée entre les sexes : près de 20 % des femmes ont des résultats médiocres en calcul contre 14 % des hommes ; 17 % des hommes éprouvent des difficultés à l’écrit contre 15 % des femmes. Mais le niveau de compétence des adultes à l’écrit est fortement lié au pays et à la langue de scolarisation : 61 % des personnes qui ont été scolarisées hors de l’Hexagone dans une autre langue que le français éprouvent des difficultés. Les difficultés peuvent aussi être liées à l’âge. Ainsi, en 2011, en compréhension orale, seulement 11 % des moins de 30 ans ont réussi moins de 60 % des exercices proposés contre 17 % des 50-59 ans et 24 % des 60-65 ans. Les plus jeunes ont aussi de meilleurs résultats à l’écrit.
L’INSEE pointe en revanche une dégradation dans l’ensemble de la population des performances en calcul, qu’elle explique par un usage de plus en plus répandu d’outils informatiques dans la vie quotidienne.
(1) L’enquête Information et vie quotidienne (IVQ) menée en 2011 a mesuré les compétences de 14 000 adultes à l’écrit, à l’oral et en calcul – Disp. sur
(2) L’illettrisme concerne des personnes qui ont été scolarisées en France et qui n’ont pas acquis une maîtrise suffisante des la lecture, l’écriture, le calcul pour être autonomes dans les situations simples de la vie courante.