Tout le monde le reconnaît, l’accueil et l’éducation préscolaires des jeunes enfants sont essentiels à leur développement. Mais ceux des familles en difficulté ont souvent à souffrir de l’absence de cet accueil, à cause des horaires décalés de leurs parents ou de l’exclusion du marché du travail de ces derniers.
Comme le rappelle un dossier publié par la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) (1), la convention d’objectifs et de gestion CNAF-Etat 2009-2012 s’est donné comme objectif de favoriser l’accès aux modes d’accueil « des enfants de familles en difficulté ou confrontées à des horaires atypiques ou en voie d’insertion professionnelle » (2). Ces orientations se sont concrétisées par des initiatives locales variées. La ville de Grenoble, depuis plusieurs années, donne la priorité aux enfants pauvres pour l’accès aux crèches collectives, en faisant des bas revenus des ménages le critère numéro un pour l’obtention d’une place. La municipalité de Nantes, pour sa part, met l’accent sur le soutien aux familles monoparentales ou à faibles revenus, qui ont difficilement accès aux modes d’accueil : horaires décalés, accueil d’urgence, système de garde-relais à domicile… Mais ces réponses demeurent insuffisantes.
La DREES met également en lumière dans cette étude trois dispositifs d’accueil originaux, repérés dans le cadre de l’appel à projets crèches « Espoir banlieues », qu’elle présente de façon anonyme. Leurs caractéristiques ? Ils sont ciblés spécifiquement sur les publics en difficulté, ont un coût modique et respectent le bien-être des enfants. Toutefois, précise-t-elle, « s’ils ont été choisis pour leur diversité, ils ne sont en rien représentatifs de ce qui existe sur l’ensemble du territoire ». Le premier propose « des heures d’accueil au domicile des parents, assurées par des professionnelles de la petite enfance sur des créneaux horaires atypiques : le matin avant 7 h 30, le soir après 18 h 30, ainsi que le week-end et les jours fériés ». Le deuxième, créé au milieu des années 1980 par une assistante sociale et une psychologue, offre quatre types de services. Quant au troisième exemple, il s’agit d’une crèche multi-accueil, sans condition d’emploi des parents, créée par une association dans une zone défavorisée. Si ces trois dispositifs ont en commun de « doubler l’accueil de l’enfant d’un solide accompagnement des parents », ils restent néanmoins vulnérables financièrement et dépendent beaucoup du bénévolat. Sans compter leur faible degré de mixité sociale, puisqu’ils accueillent surtout des enfants de familles en difficulté.
Faut-il alors développer de telles expériences, s’interroge la DREES. Ou concevoir un système plus global ? La Suède, par exemple, propose la gratuité de l’accueil collectif pour tous les enfants des familles défavorisées. La DREES suggère aussi une autre piste : les « community schools », qui existent aux Pays-Bas depuis 1994. On y trouve, dans un même lieu, une école, des services de santé, des services d’accueil des enfants hors temps scolaire et du soutien parental. Une mise en commun des moyens fondée, selon l’étude, sur une volonté nationale et locale.
(1) « Enfants de famille en difficulté : quelles modalités d’accueil ? » – Dossier Solidarité et santé n° 35 – Décembre 2012 –