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« Former les futurs travailleurs sociaux à l’ESS ? leur permet de résister à l’approche gestionnaire »

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Comment rapprocher l’économie sociale et solidaire (ESS) du travail social ? Cette question est au cœur du hors-série que publie Le sociographe (1). La formation à l’ESS mise en place à l’Institut régional du travail social (IRTS) Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse constitue une tentative de réponse, comme l’explique Maxime Chaffotte, son initiateur.
Pourquoi avoir monté cette formation ?

Formateur vacataire depuis 1997 auprès des étudiants éducateurs spécialisés de l’IRTS, j’ai proposé en 2004 d’expérimenter un enseignement à l’ESS au sein de cette filière. Cette initiative est liée à mon parcours personnel, puisque, après avoir été éducateur spécialisé, j’ai préparé un DESS en ingénierie des organisations de l’économie sociale et travaillé avec la chambre régionale de l’économie sociale de Provence-Alpes-Côte d’Azur. J’avais aussi la conviction qu’il y avait des convergences entre le travail social et l’ESS tant sur le plan des valeurs et des principes que sur celui des partenariats à construire. Il me semblait, en outre, que les étudiants devaient pouvoir appréhender les enjeux de cette « alter-économie » dont relèvent les associations sanitaires et sociales et l’insertion par l’activité économique.

Comment se décline l’enseignement ?

La formation, qui s’adresse aux étudiants de première année, est constituée d’un cours magistral de six heures sur l’histoire et les caractéristiques de l’ESS en France. Elle comprend aussi une option « parcours solidaire », déléguée à l’APEAS (Agence provençale pour une économie alternative et solidaire), qui permet aux étudiants de rencontrer les acteurs locaux de l’ESS. Pendant une semaine à Marseille et dans ses environs, ils vont échanger avec les responsables d’un jardin solidaire, d’un chantier d’insertion ou encore d’un institut de beauté pour des femmes en difficulté. En 2004, alors que l’approche psychanalytique était encore très forte dans la formation, cette ouverture à une pensée économique était une petite révolution !

Quel bilan dressez-vous ?

Très positif. L’option est devenue une option phare à tel point que nous ne pouvons plus satisfaire la totalité des demandes. Elle permet aux étudiants de s’inscrire activement dans les réseaux de l’ESS de la région. Beaucoup vont en tirer des contacts pour nouer plus tard, au cours de leurs stages ou de leur vie professionnelle, des partenariats pour l’insertion de publics en difficulté. Certains vont d’ores et déjà adhérer à des associations solidaires et s’engager.

Cette formation change-t-elle leur vision des choses ?

J’en suis convaincu. Il y a deux ans, par exemple, un groupe de 14 étudiants qui avait suivi l’option « parcours solidaire » nous fit savoir, en fin de première année, que les institutions du secteur sanitaire et social, qu’ils avaient pu découvrir lors de leurs stages, ne correspondaient pas aux valeurs qui avaient fondé leur engagement professionnel et qu’ils voulaient aller à la rencontre d’autres formes de travail social. On les a donc invités à monter une option en deuxième année autour des alternatives sociales : ils ont pu rencontrer des petites structures militantes (lieu de vie, ferme accueillant des grands exclus, etc.) pratiquant un travail social souvent de type communautaire. A l’aide de supports audiovisuels, les étudiants ont rendu compte de ces rencontres lors d’une soirée-débat organisée en 2011 à Marseille dans le cadre des états généraux de l’ESS – exercice qu’ils ont réitéré auprès de leurs collègues de deuxième année de l’IRTS. Outre l’intérêt de s’être impliqués dans leur formation, cette initiative a suscité entre eux des débats sur leur avenir professionnel.

C’est-à-dire ?

Certains nous ont demandé d’avoir plus d’informations pour monter un projet professionnel en accord avec les valeurs de l’ESS. D’autres ont fait le choix de travailler dans des structures plus classiques, tout en résistant de l’intérieur à l’approche gestionnaire. L’intérêt d’une formation à l’ESS est de permettre aux étudiants de comprendre le contexte socio-économique dans lequel interviennent les structures de l’action sociale et de renouer avec la dimension de l’engagement. Dans le contexte normatif actuel, elle leur ouvre une fenêtre pour penser l’action sociale en termes de développement durable, voire de penser « un travail social durable ».

Notes

(1) Hors série 5/2012 – « Les enjeux hybrides de l’économie sociale et solidaire » – Sous la direction de Laurent Courtois- 18 € – www.lesociographe.org.

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