Le plus vieux débat du monde

Ce sont pas moins de quatre émissions que France Culture consacre à la prostitution sous toutes ses formes. Il y a la vieille Cathy, qui tient commerce de son corps depuis une quarantaine d’années parce que, pour elle, « c’est de l’argent facile à gagner » ; Blessing, jeune Nigériane victime de la traite des êtres humains, forcée de faire des passes à la chaîne ; maîtresse Gilda, garçon travesti, qui passe des annonces sur Internet et reçoit des hommes dans son appartement. On entend aussi les militants du Syndicat du travail sexuel (Strass), qui luttent pour le droit à disposer de son corps, et ceux du mouvement du Nid, pour qui cette « mise à disposition du corps d’un être humain » est « une violence faite aux femmes ». La parole est aux clients également, qui cherchent à travers des relations tarifées des choses diverses : du sexe, évidemment, mais aussi la réalisation de fantasmes particuliers, de la tendresse, un moyen d’éviter le refus, un endroit pour pleurer… En quatre documentaires à écouter en ligne, un éventail des situations, certaines amusantes, d’autres troublantes, d’autres encore révoltantes. Une seule certitude, il existe non pas une mais des prostitutions, et il est bien compliqué de traiter le sujet de façon globale. Certaines phrases font mouche : « Il existe des prostituées consentantes mais c’est l’arbre qui cache la forêt », « Dans certains pays européens, on autorise des bordels “low cost” ou en “forfait illimité” », « Les hommes y vont pour remettre les femmes à leur place », « J’ai toujours été gentille avec les hommes »… La France a une position clairement abolitionniste, renforcée par une résolution du 6 décembre 2011, à l’égard de la prostitution (1). Si le gouvernement Ayrault a l’intention d’abroger le délit de racolage passif, la ministre des Droits des femmes affiche sa volonté de voir la prostitution disparaître. De quoi s’interroger, comme une sociologue dans le quatrième volet du documentaire : « Une société sans prostitution est-elle possible ? »