Le ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon, a annoncé, le 4 décembre, lors d’un séminaire national sur la lutte contre le décrochage scolaire, le lancement du dispositif « Objectif formation-emploi » pour les jeunes décrocheurs. Un plan de lutte contre le décrochage scolaire qui permettrait, selon un communiqué du ministère, « à 20 000 jeunes sortis sans diplôme du système éducatif de “raccrocher” de manière effective avant la fin de l’année 2013 » et, à terme, de diviser par deux le nombre de jeunes en situation de décrochage scolaire – soit 70 000 jeunes décrocheurs en moins d’ici à la fin du quinquennat –, ainsi que l’a souhaité le chef de l’Etat (1).
Premier axe du plan, des réseaux « Objectif formation-emploi » devraient être mis en place sur le territoire de chacune des 360 plateformes d’appui et de suivi des décrocheurs scolaires afin « de recenser et de mettre à disposition de ces dernières un panel de solutions diversifiées et adaptées » pour ces jeunes. Pour mémoire, ces derniers sont aujourd’hui identifiés via le système interministériel d’échange d’informations qui élabore des listes de décrocheurs ensuite transmises à ces 360 plateformes. « Nous savons [aujourd’hui] identifier ces décrocheurs », a indiqué Vincent Peillon, « toutefois, le potentiel d’aide au raccrochage à partir de cette identification est encore insuffisamment exploité ». Les réseaux « Objectif formation-emploi » viendront donc compléter ce dispositif en mobilisant, aux côtés des plateformes d’appui et de suivi, l’ensemble des acteurs qui interviennent auprès des décrocheurs (responsables académiques, chefs d’établissement, personnels des missions générales d’insertion, tuteurs, conseillers d’orientation-psychologues, etc.). Objectif : « recenser toutes les solutions existantes, […] mutualiser les bonnes pratiques et […] développer des structures adaptées lorsque cela est nécessaire », ont indiqué les services du ministère.
Le gouvernement souhaite également mettre en place un référent dans les établissements les plus touchés par le décrochage scolaire.
Par ailleurs, poursuit le ministère, dès décembre 2012, « tous les jeunes seront appelés un par un et se verront proposer un parcours personnalisé de retour en formation dans le cadre d’un contrat “Objectif formation-emploi” ». Concrètement, le jeune identifié comme décrocheur sera contacté par une plateforme d’appui et de suivi. Le réseau « Objectif formation-emploi » lui proposera ensuite un entretien personnalisé afin de discuter avec lui de ses besoins et de ses souhaits. Au cours de cet entretien, une évaluation de son niveau scolaire sera réalisée. Et, s’il le souhaite, une période d’accueil pourra être organisée dans le cadre de la mission générale d’insertion pour construire avec lui son projet de réussite. A l’issue de ce parcours, une solution de retour en formation lui sera proposée soit en formation initiale dans un établissement scolaire classique, soit dans une classe spécifique pour jeunes en situation de décrochage, soit en apprentissage, soit encore en formation continue. D’autres solutions ne relevant pas du champ de l’Education nationale pourront également être envisagées – comme, par exemple, le service civique – en lien avec les acteurs interministériels de la plateforme. A noter que, dans le cadre de ce nouveau dispositif, le jeune devra être accompagné par un tuteur tout au long de sa nouvelle formation et des points sur sa situation seront régulièrement effectués.
Pour atteindre l’objectif de 20 000 jeunes « raccrochés » d’ici à la fin de l’année 2013, le ministère propose également d’enrichir l’éventail des solutions proposées à ces jeunes à la fois en mobilisant des formations disponibles, notamment dans les filières professionnelles menant à des métiers à fort besoin de recrutement non pourvus (2), ou encore en proposant à ces jeunes des solutions « innovantes » (offres combinées service civique-formation pour leur permettre d’acquérir une expérience professionnelle tout en construisant un projet de formation, développement des structures spécifiques adaptées au profil des décrocheurs (micro-lycée, lycée nouvelle chance, collège lycée élitaire pour tous, pôle innovant lycéen, chantier-école, etc.)…). « Sur les 30 000 jeunes qui feront un service civique en 2013, au moins 10 % des places seront réservées aux décrocheurs », a d’ores et déjà annoncé Martin Hirsh, le président de l’Agence du service civique, qui participait également au séminaire.
Par ailleurs, le gouvernement souhaite améliorer la lisibilité et l’accessibilité des solutions de formation pouvant être proposées aux jeunes en situation de décrochage. Au menu, l’élaboration d’un catalogue, « principalement à destination des acteurs de la lutte contre le décrochage », recensant de manière claire et structurée l’ensemble des solutions de formation existantes, la mutualisation et la diffusion des solutions les plus efficaces au sein des académies ou encore la création, via l’Onisep, d’un site Internet de « géolocalisation des solutions » permettant au jeune ainsi qu’à ses parents de trouver les structures de formation susceptibles de l’accueillir dans leur zone géographique, ou encore la mise en service d’« un “tchat” interactif avec des conseillers ».
(2) Le gouvernement estime qu’environ 40 000 places restent disponibles chaque année dans l’ensemble des sections de l’enseignement professionnel et que de nombreuses formations souffrent d’une demande insuffisante se traduisant par des places de formation non pourvues (par exemple, en seconde professionnelle « hygiène et environnement », moins de la moitié des places seraient effectivement pourvues).