Sous-effectif permanent, retards dans le traitement des droits, fermetures de sites de proximité… Le 22 novembre dernier, les fédérations CGT, CFE-CGC et FO appelaient les salariés des caisses d’allocations familiales (CAF) à la grève pour protester contre la dégradation de leurs missions et de leurs conditions de travail, au moment de la rencontre nationale des présidents avec la CNAF (voir ce numéro, page 7). Alors que 1 200 postes avaient été créés au début de la convention d’objectifs et de gestion (COG) 2009-2012 pour la mise en œuvre du RSA (revenu de solidarité active), la plupart ont été supprimés sous l’effet de la révision générale des politiques publiques. A la fin de la COG, le solde est seulement de 80 postes, alors que « la charge de travail a explosé et ne diminuera pas à l’avenir, bien au contraire », s’alarment les syndicats. Ils demandent l’arrêt de l’hémorragie, mais aussi des embauches en contrat à durée indéterminée pour « assurer un service public de qualité ».
L’Association des directeurs de caisses d’allocations familiales (Adircaf) partage leur inquiétude. En plus des nouvelles missions qui leur sont attribuées, du temps croissant passé à la « maîtrise des risques » (incohérences, indus, rappels…) et aux procédures, « la crise économique entraîne depuis plusieurs années une surcharge de travail dans les CAF, qui ont déjà réalisé beaucoup d’efforts de productivité durant la COG qui s’achève », souligne l’association. Elle juge incontournable de « stabiliser a minima les effectifs à leur niveau actuel » – vœu d’ailleurs également exprimé par le président de la CNAF, Jean-Louis Deroussen –, ce qui nécessiterait tout de même des efforts de gestion. « Soumis à une triple contrainte – celles du budget, de la rémunération et des équivalents temps plein –, les caisses sont sur le fil du rasoir », témoigne Chantal Rémy, présidente de l’Adircaf et directrice de la CAF des Landes. « Plus de la moitié sont en tension et parmi elles, une dizaine traitent la moitié de leurs dossiers en plus de deux semaines. » Les caisses doivent fermer leur accueil pendant plusieurs jours pour rattraper les dossiers en souffrance, recourir à des contrats à durée déterminée ou aux heures supplémentaires. Parmi les nouvelles marges à trouver, « il faudrait simplifier en amont certaines règles et les démarches des allocataires », plaide la présidente de l’Adircaf. La ministre déléguée à la famille, Dominique Bertinotti, a d’ores et déjà déclaré attendre des propositions en la matière. Celles-ci seront certainement discutées à l’occasion de la conférence de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale des 10 et 11 décembre.