Les professions du travail social sont économiquement peu valorisées. Elles manquent aussi de reconnaissance aux plans académique et scientifique. Quelles sont alors les raisons d’être de ceux qui les exercent ? Pour répondre à cette question, Jean-François Gaspar, sociologue et formateur belge en ingénierie et action sociales, lui-même ancien professionnel de terrain, est allé à la rencontre de ses pairs, et plus particulièrement de 13 d’entre eux, d’âge, de sexe et d’institution d’appartenance différents. Au terme de cette enquête ethnographique menée en Wallonie pendant quatre ans, Jean-François Gaspar dégage trois types de travailleurs sociaux. Avec la parole comme principal instrument d’aide, les « cliniques » se projettent au-delà de la demande – souvent matérielle – qui leur est faite et thématisent les difficultés des usagers dans des registres psychologiques et psychanalytiques. Les « militants », quant à eux, ont une grille de lecture politique : il s’agit de « donner aux usagers, outre une aide matérielle et morale, des outils pour comprendre leur situation » et, si possible, agir sur le contexte dans lequel elle s’inscrit. Enfin, le pôle des travailleurs sociaux « normatifs » – quantitativement le plus important, précise l’auteur – regroupe les professionnels qui se défendent à la fois d’avoir vocation à porter toutes les souffrances du monde et de vouloir le changer. Ils considèrent que leur travail est « un travail comme un autre » et sont convaincus que le respect des règles du jeu social constitue un facteur primordial d’intégration.
Tenir ! Les raisons d’être des travailleurs sociaux
Jean-François Gaspar – Ed.La Découverte – 24,50 €