« Etre une fille, c’est être née avec des problèmes », résume Sarah, 17 ans, adolescente de Saint-Denis. « Un garçon, il peut tout faire. La fille… impossible », soupire en écho Moufida, 16 ans, jeune fille d’un quartier nord de Marseille. Et Farah, 13 ans, tout juste entrée dans la puberté, de confier ce regret qui étreint le cœur : « C’est un peu injuste. On n’a vécu que 12 ans à jouer avec les garçons, et après on sera opposés. Avant, on était en train de courir avec eux, maintenant, on fait que d’être assise. C’est fini. Ça y est. » Avec Les roses noires, Hélène Milano donne la parole à une quinzaine de jeunes filles des cités. Puberté, rapport au corps, aux garçons, au langage, au centre-ville, aux « bourgeois »… Chacune témoigne de son quotidien, dans toute sa complexité, de ces « réalités, ressentis et stratégies » incroyablement proches, malgré l’éloignement géographique. « Elles étaient très heureuses de savoir que je posais les mêmes questions à toutes les filles, raconte la réalisatrice. En même temps qu’elles livraient une parole pas si facile à confier, elles sentaient qu’elles étaient plusieurs à le faire en même temps. » Quand les lumières se rallument, on se prend à rêver de rencontrer à nouveau ces jeunes filles, d’ici à quelques années, pour savoir ce qu’elles sont devenues. Si elles sont parvenues à émerger de cette gangue de patriarcat, de déracinement, à surmonter la pression de la réputation – « Mon frère m’a dit : ne me fais jamais baisser la tête dans la rue, sinon je t’écrase »–, et si leurs sourires sont toujours aussi radieux. « Le prochain film sera uniquement avec les garçons, annonce cependant Hélène Milano. Etre conforme à la virilité, dans une image de soi douloureuse, les met dans une tension très forte, et il est très important de faire un vrai trajet avec eux aussi. »
Les roses noires
Hélène Milano – 1h14 – En salles le 28 novembre