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Chômage et pauvreté gagnent du terrain dans les zones urbaines sensibles

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La présidente du Conseil d’orientation de l’Observatoire national des zones urbaines sensibles (ONZUS), Bernadette Malgorn, a remis, le 16 novembre, le rapport annuel de l’observatoire au ministre délégué à la ville (1). Comme tous les ans, le document propose un panorama détaillé de la situation des quartiers qui bénéficient des dispositifs de la politique de la ville (situation en matière d’emploi, d’éducation, de sécurité, de santé…). A l’heure où le gouvernement prépare une refonte de cette politique, il constate que les 751 ZUS ne parviennent toujours pas à combler leur retard. Pire, les écarts de chômage et de pauvreté s’accroissent entre ces territoires et les autres dans des proportions inquiétantes. En cause : la crise, qui a poussé les familles paupérisées vers les banlieues sensibles. « Il y a un effet ghetto », a souligné François Lamy au cours d’une conférence de presse. « Quand ça va mieux pour une famille, elle tend à quitter sa ZUS et elle est remplacée par une autre famille plus pauvre. » En conséquence, les inégalités s’accroissent encore davantage entre les ZUS et les agglomérations qui les entourent.

Un taux de pauvreté trois fois plus élevé

C’est une des statistiques marquantes du rapport. L’ONZUS révèle que le taux de pauvreté – c’est-à-dire la part des personnes vivant sous le seuil de pauvreté (964 € mensuels) – est près de trois fois plus élevé en ZUS que dans le reste du territoire. Il est ainsi passé, dans les zones urbaines sensibles, de 30,5 % en 2006 à 36,1 % en 2010 alors que, dans le même temps, il passait de 11,9 % à 12,6 % en dehors de ces quartiers. Les personnes bénéficiant des dispositifs soumis à condition de ressources tels que la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C), le revenu de solidarité active (RSA) ou bien encore les aides au logement sont par conséquent « surreprésentées » dans les ZUS.

Certains indicateurs montrent par ailleurs que la pauvreté touche particulièrement les jeunes dans ces quartiers. C’est le cas du taux de couverture de la CMU-C, par exemple. Ainsi, dans les ZUS, un jeune de moins de 18 ans sur trois était couvert par la CMU-C en 2011, contre un sur six dans leurs unités urbaines environnantes. Le taux de pauvreté va aussi dans ce sens. En effet, en 2009-2010, un peu plus de 40 % des 18-24 ans et près de 50 % des moins de 18 ans résidant en ZUS vivaient en dessous du seuil de pauvreté. En outre, « le taux de pauvreté des moins de 18 ans est 2,5 fois plus élevé en zone urbaine sensible » qu’en dehors.

Autre fait marquant souligné par l’ONZUS (et particulièrement intéressant à l’heure de la redéfinition de la géographie prioritaire de la politique de la ville) : il existe des disparités entre ZUS en termes de revenus et de pauvreté. En 2011, la part des allocataires du RSA a ainsi varié du simple au double entre les 10 % des ZUS les moins couvertes (part de bénéficiaires du RSA inférieure à 20,1 %) et les 10 % de ZUS les plus couvertes (part de bénéficiaires du RSA supérieure à 39,8 %). De même, en 2009, les 10 % des ZUS les plus modestes avaient un revenu médian annuel inférieur à 7 292 € par unité de consommation, tandis que, dans les 10 % des ZUS les plus aisées, il était supérieur à 13 986 €, soit près du double.

Deux fois plus de chômage en ZUS

Le bilan dressé par l’ONZUS montre que les inégalités se creusent également dans le champ de l’emploi. Le taux de chômage annuel des 15-64 ans s’est ainsi accru par rapport à 2010 de 0,8 point pour atteindre 22,7 %. Dans le même temps, dans les quartiers hors ZUS des unités urbaines abritant une zone urbaine sensible, la situation a, en revanche, été « très stable » en 2011 (9,4 % en 2011 comme en 2010). Ainsi, l’augmentation du chômage dans les villes qui abritent les ZUS s’est concentrée dans ces territoires prioritaires.

Dans le détail, la situation des jeunes résidents de ZUS de 15 à 24 ans au regard de l’emploi a été, en 2011, relativement stable : une majorité d’entre eux (63 %), du fait de leurs études ou de leur formation, étaient inactifs. Le taux de chômage est resté à un niveau très élevé – 40,4 % – mais n’a pas augmenté « et ce pour la première fois depuis cinq ans ».

Par rapport à 2010, la situation a en revanche continué à se dégrader en ZUS chez les 25 ans ou plus, et plus particulièrement chez les 50 ans ou plus. Ceux-ci, parallèlement à la progression de leur taux d’activité, ont subi « une augmentation du taux de chômage sur un rythme de plus en plus soutenu d’année en année ». Cette hausse du taux de chômage des 25 ans ou plus en ZUS par rapport à 2010 a plus particulièrement touché les femmes (20,7 %). « En prenant en compte l’inactivité, moins d’une femme sur deux âgée de 25 à 64 ans et résidant en ZUS » occupait un emploi en 2011, fait remarquer le rapport.

Notes

(1) Rapport disp. sur www.ville.gouv.fr.

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