Soucieuse d’adosser la dimension éthique à la fonction de directeur, l’ADC (Association de directeurs, cadres de direction et certifiés de l’EHESP) l’a érigée au rang de ses valeurs opératoires, dans la charte qu’elle a rédigée en septembre 2007 (1). Mot valise ou réelle préoccupation sur le terrain ? « Nous avons souhaité savoir si la charte était devenue une ressource pour nos adhérents », explique Didier Chapuy, président du comité d’éthique de l’association, par ailleurs directeur du pôle « enfance famille Sarthe » de l’association Monjoie. Un questionnaire a été adressé aux adhérents au printemps dernier, dont les résultats viennent d’être diffusés (2). 62 réponses ont pu être dépouillées, ce qui représente entre 15 et 20 % des membres de l’association. Si 58 % affirment globalement faire référence à la charte dans leurs pratiques, ils sont plus nombreux (73 %) à déclarer appliquer sa conception de l’éthique professionnelle. Les réponses aux questions ouvertes sur l’accompagnement des personnes et le management mettent en évidence les tiraillements de la fonction: la dualité entre emprise et pouvoir, sécurité et liberté, les équilibres entre droits et devoirs, les oppositions possibles entre éthique personnelle et engagement institutionnel… « Il ressort également des résultats des préoccupations d’importance, qui ne relèvent pas purement de l’éthique, comme les bas salaires, la précarité du travail, le personnel vieillissant », ajoute Didier Chapuy.
Si 73 % des répondants indiquent que la démarche éthique est intégrée dans la culture institutionnelle où ils exercent, seulement 44 % précisent qu’elle se traduit par un temps dédié, essentiellement au cours de réunions, sur l’analyse des pratiques professionnelles, par exemple. « Nous sommes agréablement surpris de voir qu’il n’y a pas de “chosification” de la question éthique. Celle-ci ne relève plus de l’exception, elle traverse les pratiques professionnelles au quotidien », analyse Didier Chapuy.
A l’heure où les contraintes institutionnelles et réglementaires pèsent sur les organisations, le président du comité d’éthique aimerait que cette dynamique se traduise dans la conception même de la fonction de directeur. « L’éthique ne doit pas être un intérêt superficiel mais intrinsèque à la mission. Il appartient à chacun d’en construire le contenu. Plus que jamais, nos organisations ne peuvent s’exonérer de cette responsabilité », insiste Didier Chapuy, qui souhaiterait que la charte associative soit déclinée dans les pratiques, vis-à-vis des usagers comme des salariés. Le sujet sera à l’ordre du jour de la conférence organisée le 30 novembre à Paris, à l’occasion des 40 ans de l’ADC. Son thème: « Ethique, directeur, métier, pouvoir et perspectives ».
(1) Le Groupement national des directeurs généraux d’association (GNDA) a également adopté un texte fixant des références éthiques pour ses adhérents – Voir ASH n° 2730 du 28-10-11, p. 20.
(2) Disponibles sur