C’est un film dérangeant. Un film elliptique aux dialogues rares et qui laisse le spectateur avec davantage de questions en tête que de réponses. Joslyn, une étudiante d’une vingtaine d’années, débarque sur une île pluvieuse et isolée pour s’occuper, en l’absence de sa famille, d’un vieil homme en état végétatif, Frank. Laissée seule avec une stricte liste de consignes relatives aux couteaux de cuisine, à la machine à laver et aux chaînes de télévision – mais presque rien sur les soins à donner au vieil homme –, elle s’efforce de s’acquitter au mieux de sa tâche, alors même qu’elle traverse une douloureuse épreuve personnelle. Privée de réseau téléphonique, d’accès à Internet, elle n’a d’autre compagnie que celle du malade, et des quelques habitants de l’île qu’elle croise à l’occasion – le pharmacien, la serveuse du drive-in, un menuisier. Soucieuse de bien faire, elle oscille entre le réconfort qu’elle pourrait trouver auprès de Frank – impressionnant Ronald Carrier, qui parvient à transmettre les émotions d’un personnage contraint à l’immobilité – et l’intense malaise que lui inspirent les cris du vieil homme dans la nuit, la grande maison vide ou l’imposante nature qui l’entoure. « Beaucoup de gens ont vu en Joslyn un personnage qui sombre dans la folie, commente le réalisateur, Mark Jackson. Je ne suis pas d’accord. Je pense qu’elle est forte, courageuse et lucide dans son questionnement sur ce qu’une “brave fille” devrait être. » Réflexion sur la compassion, la culpabilité, l’exhibitionnisme des réseaux sociaux ou encore le deuil, Without est un film assurément dérangeant… mais à voir, ne serait-ce que pour la performance des acteurs.
Without
Mark Jackson, avec Joslyn Jensen et Ronald Carrier – 1 h 27 – En salles le 14 novembre 2012